Dans quelles conditions le sport étudiant est-il maintenu malgré les mesures sanitaires?
Depuis la rentrée des classes à la fin du mois d’août, le milieu sportif de niveau scolaire est quotidiennement bousculé par les changements dans les règles et mesures sanitaires instaurées par le gouvernement.
Masques, distanciation et limitation du temps de contact permettent tant bien que mal aux jeunes athlètes de plusieurs établissements scolaires de continuer à pratiquer leurs sports. «On peut avoir des entraînements à la piscine, puisque ce n’est pas un sport de contact», explique au téléphone l’étudiante-athlète Laurie-Anne Robert, âgée de 18 ans, qui pratique la natation dans l’équipe du Cégep du Vieux Montréal depuis près d’un an. Le 21 septembre, au moment de l’entrevue, Laurie-Anne ne savait pas quand elle allait reprendre ses entraînements, ressortant d’une période d’isolement d’une semaine imposée à toutes les équipes de son Cégep. Cette mesure a été prise puisque deux joueurs de l’équipe de football de cet établissement ont reçu des résultats positifs à la COVID-19. Par messagerie instantanée, Laurie-Anne confirmait mercredi le 23 septembre que les entraînements reprenaient ce jour-là à son Cégep.
Quels sont les effets de ces mesures sur les étudiants-athlètes?
La socialisation que permet habituellement le sport étudiant se voit altérée, puisque les contacts entre les jeunes athlètes sont limités. «Avant, les filles pouvaient s’aider entre elles durant les exercices, et ce n’est plus possible. On leur laisse alors plus de temps pour placoter afin qu’elles puissent apprendre à se connaître quand même», mentionne l’entraîneure au programme de sport-études en cheerleading de l’École secondaire De Mortagne Hélène Parisé, jointe par téléphone le 22 septembre 2020. «C’est important que l’on soit une belle équipe pour que ça fonctionne.»
«Juste le fait de ne plus être avec son équipe, qui est comme une famille, c’est dur sur le moral», regrette Laurie-Anne.
Est-il possible de rester motivé à la pratique de son sport en ces temps particuliers?
Dans le cas du cheerleading, Hélène Parisé affirme qu’il est difficile pour ses élèves de rester motivées, notamment puisqu’elles se voient forcées à pratiquer des aspects de leur sport qui les intéressent moins, comme la musculation, alors qu’elles préféreraient s’adonner aux stunts (cascades et sauts), dont la pratique a été restreinte en raison des mesures sanitaires adoptées.
Laurie-Anne, quant à elle, trouve démoralisant de devoir suivre ses cours en ligne. «C’est vraiment moins motivant parce qu’on est toujours chez nous», se désole-t-elle. Elle se dit néanmoins heureuse que son sport ne fasse pas l’objet de beaucoup de restrictions : «Le fait que la piscine continue c’est le fun, parce que je ne sais pas trop ce que je ferais sans ce sport. Ça me garde motivée dans mes études.»
Qu’arrivera-t-il aux 220 000 étudiants-athlètes si Québec décide d’imposer plus de restrictions?
Provenant de plus de 600 programmes de sports-études différents, les jeunes touchés par un nouvel isolement pourraient voir leur élan pour leur sport sévèrement écorché, puisque «plusieurs ont perdu leur motivation et ont de la misère à recommencer à pratiquer leur sport», selon la consultante en psychologie sportive Sylvie Piché, consultée par appel téléphonique le 23 septembre 2020.
De plus, certains athlètes gardent la blessure de leur saison écourtée par la première vague de la COVID au printemps dernier. «Tout le monde arrive cette année en se demandant si l’on va encore se préparer pour rien. Je trouverais dommage de leur faire revivre une déception comme ça, qu’on se dise ça va bien aller pour que ça leur pète aux visages encore une fois», s’inquiète l’entraîneure Mme Parisé.
Quels défis la pandémie pose-t-elle aux entraîneurs?
Selon Sylvie Piché, les entraîneurs devront redoubler d’efforts pour maintenir un contact avec leurs athlètes, ces derniers ayant un rôle essentiel dans leur cheminement.
«Certains sportifs vont prendre la situation actuelle comme un beau défi et vont se relever les manches, mais d’autres vont avoir tendance à se laisser aller et à se décourager. L’encadrement de leurs parents, de leurs entraîneurs et de leurs réseaux demeure crucial», constate-t-elle.
Elle soulève également que beaucoup d’entraîneurs ont dû se réinventer et ont eu le même questionnement identitaire que leurs athlètes.
Peut-il y avoir des points positifs pour les athlètes face à ces conditions particulières?
Pour certains, l’individualisation des entraînements et le fait d’avoir été laissés sans encadrement ont donné l’opportunité à plusieurs athlètes de se prendre en main et de devenir plus autonomes, selon Mme Piché. «Ces athlètes doivent se motiver à s’entraîner afin d’éviter de perdre tous leurs acquis. La motivation a changé puisque le but n’est plus de gagner un championnat ou une médaille, mais bien de se maintenir au plus haut niveau possible».
Sources:
http://www.education.gouv.qc.ca/organismes-de-loisir-et-de-sport/programmes-sport-etudes-au-quebec/