Qu’est-ce que la highline ?

La highline est une discipline de la slackline. Un sport qui fut initié par des escaladeurs au Yosemite, en Californie, au début des années 1980, et qui s’apparente au funambulisme. Le but ultime est d’avancer sur une sangle élastique souvent en polyester, soit d’un ou de deux pouces, tendue entre deux poteaux, deux arbres, ou même suspendue en hauteur, souvent entre deux montagnes. On parlera alors de highline.

Bien qu’il s’agisse d’un sport extrême, il est relativement sécuritaire puisqu’ils sont en tout temps attachés avec un harnais et ils utilisent de l’équipement de qualité. Aucune mort n’a été rapportée à ce jour.

Plusieurs autres « types » de slackline existent, comme la waterline, au-dessus de l’eau, ou la trickline, laquelle se pratique davantage sur une sangle de deux pouces et qui consistent à faire plusieurs figures en sautant. La ligne d’un pouce est plus utilisée pour faire des postures de yoga, ou des enchaînements en « flow », c’est-à-dire « statique ».

Un record mondial.

Un groupe de 20 athlètes étaient réunis à Asbestos du 15 au 23 septembre 2018 pour tenter de battre le record du monde de la plus longue highline.

Sans titre.png Laëtitia Gagnon

Qui sont ceux qui ont battu le record ?

L’évènement a été organisé par Slackline Montréal en collaboration avec la ville d’Asbestos, située en Estrie. Six adeptes de la discipline ont réussi à relever le défi en traversant 1,9 km de sangle suspendue dans l’ancienne mine d’amiante de la région.

Parmi ceux ayant battu le record, avec un temps de 1 h 34 on retrouve le slacklineur professionnel, Samuel Volery, venu de Suisse pour assister à l’évènement, la talentueuse Mia Noblet, de Colombie-Britannique, qui l’a accompli en 2 h 05, Anthony Boulay en 1 h 50 et finalement Friedi Kuhne avec 1 h 25. Le dernier record mondial enregistré était la traversée du cirque de Navacelles, en France, une distance de 1 660 mètres marché en 1 h 13.

Julien Desforges, propriétaire de Slackline Montréal, et Dany Bouchard, coorganisateur et participant de l’événement, ainsi qu’une équipe motivée ont aménagé le terrain abandonné de la mine Jeffrey avec une zone de slacklines (de l’anglais « ligne lâche ») et créé un espace d’accueil jovial pour les spectateurs. D’après les témoignages, tous les organisateurs et les participants sont d’avis que ce fut un réel succès. « C’est seulement une autre démonstration qu’il n’y a rien d’impossible. Lorsqu’on réunit les membres d’une communauté autour d’une même mission, on peut tout faire », se réjouit Dany Bouchard. « Ce qui est à retenir dans cette histoire-là, c’est que nous avons créé une brèche dans la clôture de la mine. La ville a reconnecté avec la mine et nous aussi », souligne Julien Desforges.

Sans titre2.png Aidan William

D’où provient l’idée de la transformation de la mine Jeffrey ?

Il s’agit d’un projet qui mûrit depuis le mois d’avril dans la tête des deux organisateurs, Dany Bouchard et Julien Desforges. Le propriétaire de Slackline Montréal parle d’une occasion de mettre à l’œuvre toutes les ressources accumulées depuis plusieurs années, autant celles matérielles, que les connaissances et l’expérience acquises par lui-même et par ses amis.

Selon lui, l’évènement a été un succès malgré la journée du vendredi, quand ils ont été victimes des vents de la tornade Florence, les forçant à couper la ligne avant même que le public arrive. Un moment éprouvant et émouvant pour toute l’équipe qui avait mis beaucoup d’efforts et de temps dans les installations, mais qui a finalement décidé de couper la ligne, préférant ne pas prendre de chance de laisser les vents tout détruire. Pour les prochaines années, Julien Desforges veut essayer de prévenir ce problème grâce à un système mécanisé.

Sans titre4.png Aidan William

Qui sont les Québécois à surveiller ? 

Deux jeunes hommes, Anthony Hotte et Guillaume Fontaine, forment ensemble Les Farfadets. Ces deux joueurs de soccer sont devenus rapidement passionnés de slackline et reconnus dans la communauté au Québec. Après seulement une année de pratique — alors que ce sport demande habituellement plusieurs années pour devenir bon — Anthony Hotte et Guillaume Fontaine se démarquent énormément.

Le duo d’adeptes pratique la highline depuis maintenant deux ans. Antony Hotte a été le premier à battre le record. Il a traversé la ligne entière sans chuter en 1 h 10. Son acolyte, Guillaume Fontaine, a réussi en 1 h 40. Le plus gros défi lors de la traversée, selon Guillaume Fontaine, a été de rester seul avec soi-même pendant deux heures. « Tu ne sais pas à quoi t’attendre. La peur de la hauteur ne s’en va pas, mais tu deviens de plus en plus habitué, et à force d’en faire, ton corps développe les capacités nécessaires (entrevue téléphonique, mardi 2 octobre) », mentionne le slacklineur. Anthony Hotte, pour sa part, s’est senti calme durant la traversée, mais nerveux à la vue de la fin. 

Julien Desforges est aussi un nom bien connu dans la communauté et il est devenu l’ambassadeur de la highline à Montréal. Il s’est d’ailleurs rendu en Chine l’été 2017 avec Les Farfadets pour une compétition de highline, oùGuillaume Fontaine et Anthony Hotte ont remporté la première et la troisième place. 

Sans titre5.png Laëtitia Gagnon

Pourquoi faire de la highline ?

La highline peut faire peur à certains, mais pour d’autres, comme Dany Bouchard, c’est un moment formidable accompagné par ses amis. « C’est toujours des beaux moments. Ce sont des moments seuls, mais toujours supportés par les amis », confie-t-il. Un sentiment de communauté partagé par Anthony Hotte, « la highline m’a permis de passer beaucoup de temps avec mes amis, puis de rencontrer des gens formidables et de voyager aussi (Chine, Mexique). Ça me permet de me dépasser et me donne beaucoup de motivation dans la vie en général », confie-t-il.

Pour Julien Desforges, c’est un aussi un beau moment pour apprécier des paysages spectaculaires. Dany Bouchard ajoute aussi que « c’est [sa] méditation ». C’est un sport qui travaille beaucoup l’équilibre en développant les muscles stabilisateurs, et qui demande une concentration rigoureuse. Les adeptes deviennent aussi très bons pour apprécier le moment présent, selon nos observations.

Sans titre6.png Benjamin St-Pierre

À quoi pouvons-nous nous attendre pour le futur ?

Des discussions sont déjà en cours pour 2019 afin de nourrir le projet de revitalisation de l’espace de la mine à long terme. « La ville a un budget et elle est prête à investir », confirme le directeur de Slackline Montréal. Le but ultime était de créer quelque chose qui, à long terme, allait aussi bénéficier à la ville. Le maire d’Asbestos, Hugues Grimard, est très enthousiaste à l’idée d’un projet de longue haleine, selon son témoignage donné à ICI Estrie.

Bien qu’il n’y ait aucune règlementation officielle pour ce sport, excepté dans certains parcs pour protéger les arbres, il gagne en popularité année après année. D’autres parcs, comme le parc Étienne-Parent dans la région de Québec, ont même installé des poteaux pour encourager la pratique de ce sport. L’équipe de Slackline Montréal, entre autres, fait tout en son pouvoir pour faire connaître cette discipline sportive. Sur sa page Facebook,  Slackline Montréal, qui est la référence au Québec, compte 1 671 abonnés. L’Association canadienne de slackline a le même nombre, ou presque, d’abonnés sur Facebook. À ce jour, aucune donnée recense le nombre de personnes pratiquant ce sport. 

L’explosion de la discipline, l’enthousiasme de ses adeptes, ainsi que la communauté qui se forme autour de la slackline et tous ses dérivés, amène un projet d’envergure dans une région qui, selon sa population, manque d’attraits de ce genre. Julien Desforges et Dany Bouchard ont affirmé avoir de grands projets pour ce sport. Cette année se tenait d’ailleurs le quatrième Festival de Highline à Kamouraska du 19 mai au 1er juin, dans le Bas-Saint-Laurent.

La communauté de slackline souhaiterait que le sport soit représenté aux Jeux Olympiques, mais aucune démarche n’a été entamée. 

Sources :

https://www.journaldemontreal.com/2018/09/20/record-highline-asbestos
https://www.facebook.com/events/1672923606150964/
https://www.espaces.ca/articles/3772-record-du-monde-de-la-plus-longue-slackline-a-asbestos?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_campaign=publication+serdy+-+image%2Blien&utm_content=record+du+monde+de+la+plus+longue+slackline+%C3%A0+asbestos&utm_term=p0-t0

Instagram : Slacktivity

https://www.latribune.ca/actualites/estrie-et-regions/19-km-dans-le-vide-au-dessus-de-la-mine-74ddf7c9dc119f28354d6649273ba585
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1125812/slackline-sport-equilibre-corps-esprit
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1079308/estriens-sport-highline-slackline-guillaume-fontanie-anthony-hotte
http://ici.radio-canada.ca/emissions/c_est_pas_trop_tot_en_estrie/2014-2015/archives.asp?nic=1&date=2015-06-19
https://www.lejournalinternational.fr/La-slackline-une-pratique-en-mouvement_a2640.html

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