Quelles sont les nouvelles tendances alimentaires ?
Aujourd’hui il existe des tendances alimentaires qui peuvent bousculer nos propres habitudes. Des courants comme le végétalisme, le véganisme, ou même manger paléo (manger des légumes, fruits, graines sous leur forme naturelle) provoquent des questions sur notre propre consommation. Surtout, manger « healthy » semble être la nouvelle mode à laquelle tout le monde veut s’adapter. Des produits riches en protéines, et en oméga-3 qu’on appelle les « bonnes matières grasses », ou même sans gluten ou lactose, deviennent de plus en plus populaires parmi les gens qui voudraient changer leurs habitudes alimentaires.
Super Life
Est-ce que les consommateurs sont influencés par ces nouvelles modes d’alimentation ?
Il y a environ dix ans, les Canadiens se rendent compte petit à petit du besoin de bien manger. En 2005, Ipsos, une équipe de spécialistes de recherche sur le marché mondial publie une étude selon laquelle 87 % des Canadiens disent qu’ils font des efforts pour manger plus sainement, en restant ambitieux de mieux faire.
Aujourd’hui de plus en plus de gens s’intéressent à ces bonnes manières de manger qui ont cependant toujours existé. « Plus j’apprends sur la nutrition saine, plus je change la manière dont je consomme », souligne Marina Puerta, étudiante espagnole en échange à l’Université Concordia (Échange de courriels, 2 octobre 2018) . Le fait qu’on voit de nouveaux aliments sains sur tous les marchés, joue un rôle en soi et influence notre vision de ce qu’on consomme. On a même tendance à tomber dans une obsession où on commence à calculer nos calories, diminuer nos repas, ou même les remplacer par des substituts alimentaires.
Liyana Georgieva
Comment les grosses marques connues s’adaptent au contexte ?
Bien avant, on ne parlait pas souvent d’alternatives plus saines de ce qu’on mange quotidiennement. « Ce n’est pas un processus isolé d’un côté ou de l’autre. Les marques s’adaptent aux nouvelles tendances de consommation et par le fait même proposent des aliments, recettes, ingrédients qui peuvent être intégrés dans l’alimentation des gens. C’est un processus circulaire », explique Johanie Bernard, chargée de cours en Communication sociale et publique à l’UQAM (Échange de courriels, 2 octobre 2018).
Liyana Georgieva
Est-ce que le phénomène menace le marché ?
Aujourd’hui, tout cela fait partie de la culture Internet, de nos conversations quotidiennes, de la manière dont on vit. Par la suite, les grosses marques comme McDonalds et Starbucks risquenet de voir leurs profits baisser à cause d’une nouvelle conscience des clients envers la qualité de ce qu’ils consomment. Voilà pourquoi elles essaient d’intégrer et promouvoir les nouveaux produits comme les smoothies, ou même les matcha ou chaï lattes qui sont apparus les dernières années. C’est une manière d’optimiser l’image de la marque, en s’appuyant sur une tendance de consommation qui est en train de bousculer notre société. Cela fait également regagner la confiance des clients déjà fidélisés qui sont susceptibles de croire qu’une marque comme McDo, souvent liée à la malbouffe, va changer d’identité radicalement. De son côté, Starbucks s’appuie sur la promotion de produits « whole grain » (blé complet) et « multi-grain » (multi-céréales) qu’on intègre de plus en plus dans notre vie quotidienne.
Liyana Georgieva
Est-ce que c’est vraiment sain ?
En se demandant si les jeunes et surtout les étudiants sont facilement influencés par les nouvelles tendances, on remarque que cela dépend souvent du degré d’appartenance à une communauté de consommateurs autour de la marque. Toutefois, les jeunes sont quand même assez susceptibles de modifier leurs habitudes alimentaires juste en raison d’être un grand fan de cette marque-là. C’est une manière de regagner la confiance des consommateurs et d’assurer leur fidélisation à plus long terme.
« …Quand on pense à RedBull par exemple, à la tendance des « drink energy » ; il y a toute une offre de consommation avec des propriétés ajoutées, des ingrédients “magiques” auxquels on ne portait pas attention avant », ajoute Johanie Bernard.
Cependant, pour d’autres la marque n’a pas autant d’importance – « …je préfère acheter des produits pas trop chers, du coup la plupart du temps je finis par acheter ceux de la marque du supermarché où je fais mes courses », assure Marina Puerta.
Health Canada/ Santé Canada
Comment évolue le phénomène ?
Avec les nouvelles tendances dont la popularité est toujours en croissance, on commence de plus en plus à se demander s’il y a une alternative, et on cherche des manières de consommer en diminuant les risques pour notre santé.
Par ailleurs, en 2017 un nouveau plan de nutrition est développé et proposé par des nutritionnistes, pour améliorer les pratiques alimentaires des Canadiens. Les chercheurs de Santé Canada proposent qu’on consomme plus de fibres, de diminuer le sucre et certaines matières grasses. « On dirait que peu de choses ont changé et que tout a changé… », annonce Hasan Hutchinson, directeur du Bureau de Politiques de Nutrition et Promotion de Santé Canada, en expliquant que l’élaboration du plan nutritif n’a pas été influencé par les industries de consommation pour éviter le conflit d’intérêts. En tout cas, on s’assure que ce nouveau plan vise à aider les Canadiens à consommer plus consciemment qu’avant, en portant une responsabilité de leur bien-être.
D’après Johanie Bernard « …aucun phénomène s’éteint, c’est toujours en mouvement, en évolution, ce qui est certain c’est que nous aurons toujours besoin de manger. »
Sources :
Heilbrunn, Benoît, « Modalités et enjeux de la relation consommateur-marque »
De Solier, Isabelle, « Making the Self in a Material World : Food and Moralities of Consumption »
