Le secteur de la mode est-il florissant au Québec ?
Montréal est le troisième centre de production vestimentaire en Amérique du Nord après Los Angeles et New York. 48% des emplois manufacturiers canadiens de l’industrie de la mode sont concentrés au Québec. Il y a 1846 établissements dans le secteur de la mode au Québec. Malgré que la plupart des entreprises québécoises de prêt-à-porter soient des PME (petites ou moyennes entreprises), l’industrie est basée sur la main-d’œuvre et est constamment en recherche d’employés. Entre 2000 et 2006, l’industrie a connu une période difficile. En effet, elle a perdu presque la moitié de sa main d’oeuvre (47%), soit 24 900 travailleurs. L’industrie connaît maintenant un renouveau.
Clara Brodeur-Vecerina
De quelle façon acheter local et éco responsable a un impact sur l’environnement ?
Certaines entreprises québécoises fabriquent leurs produits dans un rayon assez restreint de leurs quartiers généraux. Leurs créations produisent donc un minimum de pollution grâce au nombre de kilomètres minimes parcourus pour le transport de la marchandise. C’est aussi en choisissant par exemple du fil de coton américain qui demande moins de pesticide pour le tissage, en utilisant de la teinture à base d’eau ainsi qu’en récupérant le plus possible les retailles de tissus pour fabriquer des accessoires que les entreprises peuvent assurer des produits responsables écologiquement. « C’est toujours plus avantageux de faire produire au Québec pour réduire l’impact écologique lié au transport de marchandises», explique Véronique Labrèche, cofondatrice de Vymoo, une compagnie fondée à Montréal qui crée des vêtements de qualité au Québec entièrement faits de matières recyclées. (Échange de messages sur Facebook, 18 septembre)
Living Circular
Peut-on marier haute couture et mode écoresponsable ?
Le titre de marque la plus «verte» est remis chaque année à de grands et petits designers lors de la semaine de la mode de Milan. Alors que l’édition 2018 de l’événement est entamée, le secteur de la mode cherche un développement durable et se soucie de plus en plus de l’environnement. Depuis 2001, Stella McCartney crée à travers sa maison de haute couture une mode durable et éthique. Elle est connue comme étant une pionnière de la mode durable et éco responsable. La créatrice n’utilise aucune matière animale. D’abord parce qu’elle n’encourage pas la cruauté animale et parce que l’industrie du bétail est responsable de la hausse des gaz à effet de serre. Elle a aussi recours à des matières éco responsables innovantes comme le Eco Alter Nappa, un matériau qui ressemble à du cuir, mais qui est composé de polyester et d’huile végétale. Dans la confection de ses vêtements, elle se sert de polyester fabriqué à partir de bouteilles en plastique recyclées. La marque utilise également du cachemire régénéré, fabriqué à partir de déchets industriels. Cela est donc, selon elle, la preuve qu’il est possible de faire de la haute couture tout en étant soucieux de l’environnement.
Clara Brodeur-Vecerina
Est-ce que beaucoup de marques de prêt-à-porter fabriquent leurs vêtements au Québec ?
On observe un nombre grandissant de productions mixtes, c’est-à-dire des productions conçues au Québec, fabriquées localement ou ailleurs et qui sont vendues ici ou partout dans le monde. La plupart des vêtements fabriqués au Québec sont destinés à l’exportation mondiale. La part de la production québécoise de vêtement destinée à l’exportation a atteint les 45 % en 2002, alors qu’elle dépassait à peine les 10 % en 1992. Sur la période 2013-2017, les exportations de vêtements ont augmenté de 45.5 %. Les États-Unis sont le plus grand marché d’exportation des vêtements fabriqués au Québec. La demande des consommateurs pour une fabrication écoresponsable avec des teintures végétales ou des tissus recyclables est au centre des tendances montantes au sein de l’industrie de la mode, mais peu de compagnies québécoises fabriquent leurs vêtements au Québec. Elles choisissent plutôt de les faire fabriquer dans des pays en développement comme le Bangladesh, le Cambodge et l’Inde, car la main-d’œuvre y est beaucoup moins chère.
Denis Farley
Quels sont les avantages d’acheter local ?
Grâce aux différents achats, des centaines d’organismes peuvent venir en aide à ceux dans le besoin et éventuellement, leur permettre à leur tour de soutenir une entreprise québécoise. L’acquisition de produits aide aussi au développement de l’économie du Québec puisque chaque dollar qui est dépensé pour l’achat d’un produit local sera réinvesti par le marchand dans l’économie. Les compagnies locales visent l’authenticité et la qualité de leurs produits. Les employés de compagnies québécoises travaillent la plupart du temps dans de bonnes conditions et cela contribue à l’augmentation du prix de vente des produits. Ceci explique pourquoi les produits faits au Québec sont souvent vendus un peu plus cher que la moyenne. Selon le Conseil du patronat du Québec, si les citoyens dépensaient en moyenne 20 $ de plus par semaine pour des biens et services d’origine québécoise, ils contribueraient à créer jusqu’à 100 000 emplois. Véronique Labrèche de chez Vymoo explique qu’acheter local comporte de nombreux avantages : « Le fait de produire au Québec avec des matériaux québécois fait rouler l’économie d’ici puisque nous faisons travailler des entreprises locales pour fabriquer nos tissus, faire la coupe de ceux-ci, faire la couture des vêtements, fabriquer les étiquettes, etc.»
H&M
Comment les firmes s’adaptent à la demande grandissante de produits écologiques ?
La demande des consommateurs pour une fabrication écoresponsable avec des teintures végétales ou des tissus recyclables est au centre des tendances montantes au sein de l’industrie de la mode. De nombreuses marques de cosmétiques proposent des gammes de produits «verts» qui ne contiennent que des ingrédients naturels bons pour la peau. Une enquête réalisée par l’équipe d’Ethical Fashion Forum montre la croissance régulière de la mode éthique. Les marques se multiplient et les détaillants spécialisés sont plus nombreux que jamais. Les créateurs comme les grandes designers s’intéressent au secteur. D’après ces perspectives, l’offre est majoritairement de milieu de gamme, avec un intérêt de plus en plus marqué vers le luxe. La mode féminine occupe la majorité du marché. Le prêt-à-porter bio pour hommes existe, mais le choix est moindre.
Sources: Éco Age, Fashion Network, Protégez-Vous, Paris Match.