Où fabrique-t-on les batteries des véhicules?
Le gouvernement Legault a annoncé le 16 novembre dernier, l’interdiction de mise en vente de véhicules neufs à essence à compter de 2035. Cette nouvelle soulève de nombreuses questions chez les Québécois quant à la production des batteries ainsi que son empreinte écologique.
Actuellement, il existe quatre principaux types de batteries utilisées dans les voitures électriques: le lithium-ion, le nickel-hydrure métallique, le plomb-acide et les ultracondensateurs. La technologie de batterie la plus répandue étant le lithium-ion où les plus grands fabricants sont basés en Asie. Avec une concentration de production plus élevée en Chine, certains craignent un monopole de l’industrie de leur part. « Il faut décentraliser les sources de production des batteries pour ne pas se retrouver dans la même situation qu’avec le pétrole. Les batteries sont le pétrole du 21e siècle », affirme Daniel Breton, président et directeur général de Mobilité électrique Canada. ( Entretien téléphonique 25 novembre 2020).
Ces batteries sont également utilisées dans la plupart des appareils électroniques portables, y compris les téléphones portables et les ordinateurs. La plupart des pièces de batterie au lithium-ion sont recyclables.
Le niveau d’autonomie des batteries actuelles est-il suffisant?
Le type de batterie peut varier dépendamment de la voiture, donc, soit entièrement électrique ou hybride rechargeable. La technologie actuelle de la batterie est conçue pour une durée de vie prolongée (généralement environ 8 ans ou 160 000 km). Certaines batteries peuvent durer de 12 à 15 ans dans des climats tempérés, ou de 8 à 12 ans dans des climats extrêmes.
Selon Jesse Caron, expert automobile chez CAA Québec, la durée de vie moyenne des batteries est amplement suffisante et offre un bon rendement : « L’Autonomie a fait des pas de géant. Au départ, la Nissan Leaf 2011, par exemple, avait une autonomie de 170 kilomètres […] Maintenant, si on l’achète d’occasion […] et qu’on l’utilise l’hiver, on perd en moyenne 30% d’autonomie sur le niveau initial, donc ça peut devenir un enjeu. Par contre pour les véhicules récents, plusieurs dépassent déjà les besoins des consommateurs. Certains modèles de Tesla, par exemple, frisent les 600 kilomètres d’autonomie […] ce qui est amplement suffisant. » (Entretien téléphonique, 25 novembre 2020)
À ce sujet, Hydro-Québec investit massivement dans l’approvisionnement de bornes de recharges pour les voitures électriques, et ce, depuis plusieurs années. En effet, comme le démontre le Centre international de référence sur le cycle des produits, procédés et services (CIRAIG), au sein d’une étude publiée en avril 2014, Hydro-Québec souhaitait déjà offrir plus de 800 bornes électriques au sein de la province d’ici 2016, afin d’offrir une plus grande accessibilité à ce type de véhicule.
Peut-on recycler la batterie?
Une fois la durée de vie maximale atteinte, il est toujours possible d’utiliser la batterie d’un véhicule électrique à des fins de stockage d’énergie, comme l’explique Jesse Caron.
Il faut se préoccuper de la revalorisation des batteries. […] (Par exemple), on peut utiliser de vieilles batteries pour stocker de l’énergie, donc on leur donne une nouvelle vie, mais c’est un sentier qui est encore à baliser. »
De plus, Daniel Breton ajoute qu’il est possible de recycler près de 95% des matériaux utilisés à la conception de la batterie : « La troisième vie des batteries c’est le recyclage […] En plus on a créé de nouvelles technologies de recyclage qui diminuent d’environ 60% l’empreinte écologique de la batterie (utilisée dans le véhicule électrique.) »
Comment se compare-t-elle au moteur à essence?
Lorsqu’il est question de comparer la production de gaz à effet de serre (GES) d’un véhicule électrique face au véhicule à essence, le gagnant est clair, selon Daniel Breton.
« Le véhicule 100% électrique ne va pas émettre de GES [lors] de son utilisation au fur et à mesure que les sources de production d’électricité deviennent de moins en moins polluantes (parc éolien, parcs solaires et centres de gaz naturel), la production d’électricité se verdit. À l’inverse, le véhicule à essence devient de plus en plus sale, parce que les sources d’approvisionnement du pétrole sont de plus en plus polluantes […] On n’utilise plus le pétrole conventionnel d’auparavant, on utilise du pétrole de schiste, ou encore des sables bitumineux qui coûte beaucoup plus cher à extraire et donc émettent beaucoup plus de GES que le pétrole conventionnel, qui ne coûte [approximativement] que 10$ à extraire dans certains pays. »
Concrètement, l’expert affirme que pendant que les véhicules électriques sont de plus en plus verts grâce à une production électrique et des batteries de moins en moins polluantes, les véhicules à essence, quant à eux, sont piégés par le pétrole qu’ils consomment et qui est de plus en plus polluant.
Quel est le futur de la production des batteries au sein des véhicules électriques?
D’après Sebastian Weissenberger, professeur associé en sciences de l’environnement, les techniques et les technologies de fabrication vont s’améliorer avec le temps, dans l’optique de réduire les coûts de production. Cela va aussi réduire les impacts environnementaux et réduire les ressources qui sont utilisées dans la fabrication par voiture. « En ce moment, c’est sûr que les voitures électriques ont un plus grand impact sur l’environnement, mais cet impact-là est appelé à diminuer au fur et à mesure que les voitures vont être plus répandues au Québec », ajoute-t-il. ( Entretien téléphonique 25 novembre 2020)