YANN NOPIEYIE

La COVID-19 a t-elle modifié les pratiques en terme de recyclage ?

Pas vraiment. Les pratiques de recyclages demeurent les mêmes qu’à l’accoutumée : les déchets ménagers et les déchets recyclables doivent toujours être triés au préalables avant d’être jetés aux ordures.

Karla Duval, relationniste pour la Ville de Montréal, membre de la division de la propreté de la ville, ne cesse de rappeler l’importance d’un effort collectif pour maintenir en tout temps les espaces publics propres, même pendant le confinement.

« La consigne suivante a été partagée sur nos réseaux sociaux afin de sensibiliser les citoyens: « #COVID19 : Mesures exceptionnelles durant la période de la pandémie, il est important de se débarrasser de ses déchets et produits dans le contenant approprié. Les lingettes désinfectantes, mouchoirs, gants, masques et autres produits de protection ou de nettoyage vont à la poubelle seulement, dans un sac scellé », déclare-t-elle (échange de courriels, 6 octobre 2020).

Les méthodes de travail des employés de la Ville de Montréal, pour le traitement des déchets, ont été réformées depuis le début de la pandémie. Même si les mesures sanitaires divergent d’un centre de tri à un autre, les travailleurs doivent s’équiper de lunettes, de gants et de masques dans la majorité des centres et des lieux. Les déchets qu’ils transportent peuvent être contaminés par la COVID-19.

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Montréal était elle plus propre lors des trois mois de confinement  ?

Les effets de la pandémie se sont fait sentir dans certains quartiers plus que d’autres. Après seulement un mois de confinement, les poubelles ont débordé et les déchets plastiques se sont retrouvés à même le sol. Cette tendance a été particulièrement marquée dans les quartiers tels que Montréal-Nord, Rivière-des-Prairies et Pointe-aux-Trembles. 

Pour l’arrondissement de Montréal Nord par exemple, il ne s’agit pas d’une première. En 7 ans, ce territoire n’a jamais vraiment eu un très bon bilan en matière de récupération des matières résiduelles. Rappelons qu’en 2013, l’arrondissement de Montréal Nord avait le pire taux dans la métropole pour la récupération des matières recyclables, comme le verre, le plastique et le papier.

Lors du confinement à partir du mois de mars, la ville entière était à l’arrêt : la plupart des commerces avaient été fermés et les activités jugées non-essentielles étaient proscrites. Cela a eu un impact sur le traitement des déchets dans la ville.

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Les déchets et le matériel médical s’accumulent-ils dans les arrondissements de Montréal ? 

Cette année, ce sont des milliers de gants en plastique et de masques chirurgicaux qui sont disséminés partout dans la ville : devant la chaussée, devant les poubelles, sur les aires de stationnement et même dans les parcs.  

Ces déchets se sont accumulés dans un premier temps pendant le confinement et ils sont apparus à partir du mois d’avril. Marc Antoine Gagnon, un montréalais de 45 ans, sortait régulièrement pour promener son chien durant cette période. 

« Des déchets comme ça, il n’y en avait pas tant. Moi je prenais toujours le même chemin sur la rue Viau et plus les mois sont passés, plus il y avait des masques et des gants éparpillés devant les trottoirs et sur les routes. La différence, je l’ai vue ! » martèle-t-il (entrevue téléphonique le 6 octobre 2020). 

La sortie du confinement et la relance économique ont contribué à l’augmentation de la pollution de masques dans la ville. Surtout en raison de la mise en place du port du masque obligatoire dans les lieux publics et dans les transports. Beaucoup plus de gens sont sortis de chez eux pour magasiner en étant équipé de masques chirurgicaux. 

Duval affirme que l’agglomération de Montréal, les cols bleus des arrondissements et les brigades de propreté, continuent de surveiller la situation. Si le besoin se fait sentir, des poubelles supplémentaires sur le domaine public seront ajoutées pour tenter de pallier le problème.

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Peut-on considérer ces déchets comme une nouveau type de pollution ? 

Il serait difficile d’affirmer d’emblée que nous avons affaire à une nouvelle forme de pollution car il n’existe pas encore de données établies sur le long terme, qui nous permettent de le prouver. Les différents citoyens dans le monde sont confrontés à ces types de déchets depuis environ 6 mois alors qu’avant, ces déchets étaient en grande partie produits par les hôpitaux. 

Mais plusieurs experts affirment que si la tendance actuelle se maintient, les déchets médicaux pourraient causer des complications sérieuses pour l’environnement. Il serait alors beaucoup plus difficile de gérer ces déchets médicaux.

Actuellement, la pandémie a aggravé le problème déjà persistant du traitement des déchets réguliers tels que les emballages de plastiques à usage unique.

Selon un rapport publié par le groupe Oceana Canada, le Canada utilise plus de 4 millions de tonnes métriques de plastique par an ce qui représente environ 125 kilogrammes de plastique par citoyen. Selon leurs prévisions, ce volume devrait passer à six millions de tonnes métriques d’ici 2030. Rappelons que le gouvernement fédéral avait déjà émis le souhait d’interdire l’usage du plastique unique dès 2021.

Mais en terme de chiffres, le Canada est bien loin des États-Unis qui exportent à eux seuls, près de 500 millions de tonnes de déchets plastiques chaque année dans le monde. 

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Comment les déchets médicaux sont-ils recyclés ?

Il n’existe pas vraiment de moyen universel pour recycler les déchets médicaux. Chaque municipalité met en place des dispositifs adaptés aux nouvelles exigences en matières de recyclage. 

Il existe bien sûr la méthode traditionnelle entre les poubelles papier, plastique et de déchets, que l’on retrouve souvent dans les commerces. Mais on se rend vite compte que les gens jettent leurs masques et leurs gants dans n’importe lesquelles.

Certaines municipalités comme la ville de Cowansville ou Saint-Charles-Borromée ont mis en place des boîtes spécialement réservées aux masques jetables.

Une fois que ces masques se retrouvent déposés dans ces boîtes, ceux-ci sont recyclés en fonction de leur composition. Les matières sont écrasées et transformées en matières premières secondaires. Puis elles entrent dans la fabrication de nouveaux objets. La ville de Cowansville dispose de six boîtes pour le moment mais d’autres devraient voir le jour. 

Rappelons que tous les déchets médicaux ne sont pas recyclables. Certains sont classés sans danger pour la santé humaine ou pour l’environnement et ils peuvent être assimilés aux autres déchets ménagers tel que le verre, le papier ou les plastiques d’emballages. D’autres sont beaucoup plus dangereux et ils doivent souvent être détruits par incinération.

Un masque jetable peut prendre jusqu’à 500 ans à se décomposer dans la nature. Ils sont composés de microfibres de polypropylène qui est une matière plastique, non biodégradable.

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Est ce qu’une nouvelle forme d’économie est née à travers la production de masques ?

Même si la pandémie a eu des effets dévastateurs sur l’économie des différents pays du monde, de nombreuses entreprises se sont lancés dans la production de masques.

Lors de premiers mois de la pandémie, l’essentiel des masques chirurgicaux provenaient de Chine, qui produisaient près de 50% des masques chirurgicaux mondiaux selon l’OMS. Compte tenu de l’évolution de la pandémie, le gouvernement chinois a décidé de garder les masques pour ses concitoyens. 

Cela a provoqué de nombreuses pénuries de masques partout dans le monde, ainsi qu’une flambée des prix. Les masques chirurgicaux aujourd’hui coûtent 25 plus chers dans certains pays comme au Liban par exemple. 

Des industriels du monde entier se sont tournés vers cette économie pour tenter de s’en sortir autrement. En France et en Italie, des usines locales ont été utilisées par le gouvernement pour produire des masques et les prix sont réglementés par les autorités. Mais dans d’autres pays, cela a donné lieu à des abus, de nombreux trafics et des contrefaçons sur internet.

D’autres entreprises ont eu recours à la production de masques en tissus, personnalisables et produits moins souvent que les masques jetables. Les masques réutilisables, plus esthétiques et parfois plus confortables que les masques jetables ont fait fureur chez les consommateurs. 

Rappelons que le port du masque avait été proposé par les autorités pour tenter d’endiguer la pandémie. Aujourd’hui, il y a plus de 36 240 000 cas et environ 1 050 000 décès liés à la COVID-19 dans le monde.

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