En pleine pandémie, quelle est la situation dans les écoles au Québec ?
Dans la province, il y a 1623 écoles avec au moins un cas positif et 1242 classes fermées dues à des éclosions. Des établissements scolaires ont l’alternative, pour certains niveaux, de l’école en présentiel un jour sur deux, d’autres ont des classes bulles, des cours à distances ou ont fermé les établissements. Au Québec, les étudiants des écoles publiques se retrouvent en situation d’échec à 30 % comparé à 10 % à la même période l’année dernière. David Bowles, le président de la Fédération des établissements d’enseignement privés explique qu’au Collège Charles-Lemoyne, sur la Rive-Sud, là où il est le directeur, le taux d’échec de son établissement est à 25 % dans certaines matières comparées à 5 % normalement.
Avec le retard à rattraper dû aux fermetures des écoles lors du premier confinement, la situation des étudiants est critique avec les changements des bulletins scolaires où normalement ils en avaient trois : le premier de 20%, le deuxième de 20% et le troisième de 60%, mais cette année, ils n’auront que deux bulletins valant 50% chacun. Le rattrapage pour une note de passage devient alors plus difficile.
Quel impact le taux d’échec peut-il avoir sur le long terme ?
Avec les demandes d’inscriptions pour le collégial pour les étudiants de 5e secondaires, les deux bulletins valant 50 % chacun peuvent déjà faire sonner une alarme dans la tête des personnes. « […] C’est sûr qu’au niveau de motivation de nos élèves, on a des inquiétudes. Ça aura un impact majeur aussi au niveau des élèves de 5e secondaire qui font des demandes au collégial », explique Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE) lors d’une entrevue à l’émission Première heure à Radio-Canada.
Sur le long terme, les échecs peuvent affecter les étudiants sur le côté psychologique, leur faisant ainsi perdre confiance en eux voir même perdre leur motivation pour continuer à avancer dans leur parcours. « L’échec, le sentiment d’échec agit directement sur l’estime du jeune », explique Anne Marie Dufour, intervenante jeunesse et Responsable volet décrocheurs à REVDEC, un organisme de lutte au décrochage scolaire. Un échec est un coup dur à encaisser, mais avec la pandémie, un échec peut devenir crucial lorsque les bulletins valent désormais 50 % puisqu’il y en a un de moins.
Est-ce que les étudiants seraient plus affectés par les changements apportés au calendrier scolaire ?
Une des plus grandes craintes de la part des enseignants et des professionnels était qu’un prolongement des vacances soit mis en place, mais le gouvernement Legault a plutôt prévu un enseignement à distance, ce qui a pu susciter un soulagement côté enseignement. Les mesures en place permettront ainsi aux étudiants d’avoir leurs heures de cours, mais il y a tout de même un problème avec l’arrangement du calendrier. « Là où cela pose problème », dit Anne Marie Dufour, « c’est lorsqu’ils n’ont pas les lieux adaptés pour le faire à la maison. » Plusieurs étudiants ne possèdent pas nécessairement l’endroit pour suivre les cours, ce qui engendraient donc des difficultés pour eux et ceux-ci se retrouvent donc affectés par les changements.
Si le gouvernement québécois avait entrepris les changements du calendrier scolaire et avait opté pour le mois de vacances, le domaine de l’éducation voyait ces changements comme étant une «catastrophe». Les étudiants auraient été grandement affectés. Leur santé mentale avec l’isolement et le fait de se retrouver seul chez eux auraient pu les affecter encore plus lors du grand congé.
Est-ce que l’école à distance amène plus de négatifs aux étudiants ?
L’école à distance amène son propre lot de problèmes. Certains étudiants n’ont pas le matériel requis pour poursuivre ou doivent le partager avec d’autres. L’école à la maison peut s’avérer à être un enjeu pour les jeunes lorsqu’ils n’ont aucun endroit calme pour étudier ou juste pour assister à leur cours. Le manque de contact avec les autres peut aussi être difficile sur le moral, voir même la motivation des étudiants.
« On peut penser que ce n’est pas un environnement optimal », explique Chantale Kirouac, psychologue à l’École secondaire Georges-Vanier, de Laval, « parce que dans un Zoom, l’enseignant ne va pas nécessairement voir si l’élève s’est buté sur le même problème depuis 5, 10, 15 minutes, s’il n’avance pas. On voit uniquement leur visage alors ça, ça peut être un peu plus difficile pour un enseignant d’identifier les étudiants qui avancent moins bien. »
Lors des séances sur Zoom, les enseignants doivent se débrouiller pour enseigner leurs matières, suivre les questions des étudiants par la messagerie du Zoom ou encore celles posées de vive voix, mais rien ne peut leur indiquer si un étudiant est bloqué à un certain numéro ou à une certaine page lorsqu’ils font des exercices, choses dont ils pouvaient prendre connaissance en classe, mais au travers d’un écran, c’est une autre histoire.
Les étudiants en difficultés d’apprentissage se retrouvent avec un enjeu en plus avec l’école à distance. Ils n’ont pas les mêmes ressources qu’en cours lorsqu’ils sont chez eux, ce qui peut apporter un aspect négatif à l’école à distance.
La socialisation avec les autres est importante chez les jeunes, avec l’école à distance, c’est un peu plus complexe de passer du temps avec ses amis et simplement parler. « J’en ai discuté avec les jeunes d’ailleurs et ils m’ont dit que c’était important pour eux d’être avec leurs amis, que cela les stimulaient à être en groupe pour faire leurs apprentissages », explique Anne Marie Dufour. « Ils m’ont également parlé d’adapter les heures de classes car ils trouvent ça long de passer de longues heures devant l’écran. »
Le manque de communication et les longues heures passées devant un écran ne sont pas des aspects positifs pour l’école à distance, mais bien des aspects négatifs qui peuvent jouer sur l’apprentissage et la notion de décrochage.
Quelle est la situation du décrochage ?
Au Québec, selon un reportage de Radio-Canada, environ 76 % des décrocheurs au secondaire sont des jeunes âgés de 14 et 17 ans. Égide Royer, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Laval a fait part que déjà, le taux de décrochage des 40 000 jeunes de 16 à 19 ans qui sont aux adultes serait de 40 %. Le décrochage scolaire se retrouve à être une situation inquiétante au Québec.
La fermeture des écoles se trouve à être un facteur potentiel pour le décrochage scolaire puisque les jeunes perdraient leur repères. « Je crois que oui [la fermeture des écoles pourrait être un facteur potentiel] pour certains car beaucoup de jeunes vulnérables n’ont pas assez d’appui pour persévérer », explique Anne Marie Dufour.
Quelles sont les solutions pour contrer les échecs scolaires ?
Une des solutions qu’Égide Royer a apportée pour aider à éviter le décrochage des étudiants en troisième secondaire et ainsi aider à contrer les échecs scolaires serait de faire appel à des étudiants du Cégep ainsi que des universités pour faire du tutorat et ainsi aider les élèves en difficulté.
Du côté du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge a une somme de 60 millions de dollars qui était prévue a été utilisé pour donner un coup de main aux écoles en les aidant à embaucher des suppléants ainsi que du personnel pour du tutorat ou même de l’aide aux devoirs.
Sources:
https://www.covidecolesquebec.org/liste-alphabtique
https://www.journaldemontreal.com/2020/11/16/pas-facile-lecole-a-distance-1
https://www.journaldequebec.com/2020/11/19/le-taux-dechec-explose-au-secondaire
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1750566/covid-fetes-eleves-difficulte-decrochage-apprentissage
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1750805/taux-echec-scolaire-secondaire-pandemie-quebec-fqde