Pourrait-on interdire l’utilisation des voitures à essence d’ici quelques années ?
Le parti politique pro-environnement Québec solidaire avait affirmé dans sa campagne électorale son intention de faire disparaître les véhicules à essence d’ici 2050, et d’en arrêter la vente en 2030. Selon Martin Archambault de l’AVÉQ, le fait de restreindre la vente des véhicules électriques au fil des années est la meilleure solution afin d’assurer le passage à l’électrique. Avec une offre bonifiée et plus diversifiée, en plus de la multiplication des bornes de recharge, le passage à l’électrique pourrait se faire sans rendre les voitures à essence illégales, a-t-il souligné. Après tout, il est difficile de s’imaginer comment les conducteurs et conductrices du Québec pourraient tourner le dos à des véhicules qui ne nécessitent pas de carburant vendu à plus d’un dollar le litre.
Association des véhicules électriques du Québec
Comment peut-on encourager l’achat de voitures électriques ?
«Il faudra augmenter de façon significative l’offre de VÉ, et le nombre d’infrastructures de recharges», répond Martin Archambault. Les voitures électriques sont encore beaucoup plus dispendieuses que les voitures à essence, et ce, à qualité égale. Par exemple, le modèle de base de la Kia Soul 2019 vaut 21 995$ alors que le modèle électrique de cette même voiture se détaille à 37 250$. C’est considérable.
Il faut noter cependant que le gouvernement du Québec offre une compensation financière de 8000$ à quiconque achète un véhicule électrique, afin d’encourager les choix écologiques. Cela réduit l’écart de quelque peu. Il en demeure qu’en ce moment, les voitures électriques de basse gamme, les voitures de marque Tesla ne sont pas concernées ici, sont désavantageuses en raison de leur autonomie et de la lenteur de leur recharge. Toutefois, la récente accusation de fraude envers Elon Musk, le fondateur de cette compagnie, affecte quelque peu l’image de celle-ci qui était considérée comme leader dans le domaine. Le milliardaire devra payer une amende de 20 millions en plus d’être officiellement écarté du conseil d’administration.
Selon Martin Archambault, les VÉ de basse et moyenne gamme ne tarderont plus à s’améliorer. Le premier modèle de Kia Soul VÉ, utilisé entre autres par Téo Taxi, offrait 85 kilomètres d’autonomie alors que le plus récent modèle en offre presque 300. Les Tesla, quant à elles, en offrent plus de 400 kilomètres. Toutefois, les prix de ces voitures hautes gammes débutent à 70 000$.
Association des véhicules électriques du Québec
Où en sommes-nous avec les voitures électriques au Québec ?
En date du 30 juin 2018, un total de 30 213 véhicules électriques (VÉ) circulaient sur les routes du Québec. C’est pratiquement la moitié du total canadien qui s’élevait, à pareille date, à 68 754 véhicules. Bien entendu, l’île de Montréal est en tête du palmarès des villes québécoises avec plus de 3600 véhicules électriques. Il est à noter, cependant, que Teo Taxi possède 182 véhicules «verts» et que la compagnie d’Alexandre Taillefer a annoncé vouloir tripler sa flotte d’ici 2019. Québec (2306 véhicules), ou Teo Taxi compte s’installer, et Laval (1571 véhicules) suit la métropole. Plus du quart (25,1%) des VÉ au Québec se trouvent en Montérégie. Les Québécois utilisent à 56% des véhicules hybrides rechargeables (VHR) et à 44% des véhicules entièrement électriques. Les VÉ les plus populaires sont la Chevrolet volt (32%), la Nissan leaf (16%) et la Chevrolet bolt (6%).
Selon Martin Archambault, responsable des communications pour l’association des véhicules électriques du Québec (AVÉQ), le nombre de VÉ augmentera de manière exponentielle au cours des prochaines années. «Nous estimons qu’il y aura aux alentours de 100 000 voitures électriques sur les routes en 2021. Si des mesures supplémentaires étaient mises de l’avant on pourrait se rapprocher de ce nombre en 2020» (Un échange de courriels le 3 octobre 2018).
ChargeHub
Les bornes de recharge pour un véhicule électrique à domicile sont-elles abordables ?
L’augmentation du nombre de véhicules électriques au Québec a forcé les entreprises à augmenter son nombre de bornes rechargeables à domicile. Pour les personnes qui ne font pas beaucoup de kilométrages sur la route, ils peuvent se procurer les chargeurs de niveau 1 qui se branchent dans une prise de 110 volts. Par contre, il faut beaucoup de temps pour obtenir une pleine charge. La majorité des automobilistes vont opter pour une borne de recharge de niveau 2. Ces bornes sont branchées dans une prise de 240 volts et il se recharge en quelques heures.
La borne EVduty EVC30 est branchée dans une prise de 240 volts et les prix varient entre 799 $ et 1099 $. Ce modèle a été créé au Québec pour les Nissan LEAF, les Kia Soul EV et Optima PHEV, les Chevrolet Bolt et Volt. Elle a une puissance de 7,2 kW de puissance. La borne de recharge la plus abordable est la Bosch EV200 Series au coût de 683 $ pour une puissance de 3,8 kW. Elle prend plus de temps à recharger votre véhicule que les autres modèles. La borne de niveau 2 la moins dispendieuse est la borne EVolnnovate disponible au coût de 779 $.
Norsk elbilforening
Qui sont les leaders mondiaux en termes d’utilisation de voitures électriques ?
Les leaders mondiaux se situent en Europe. Près de 250 000 voitures ont été enregistrées dans les pays nordiques en 2017. (Danemark, Finlande, Islande, Norvège, Suède) Il se pourrait qu’il y ait près de 4 millions de voitures électriques en 2030, selon une étude publiée le 8 mars par l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
«Le leader mondial est définitivement la Norvège, mais l’Angleterre, la France, l’Allemagne et la Californie sont des modèles à suivre», dit Martin Archambault.
La Norvège et la Suède portent une attention particulière à l’empreinte environnementale des véhicules électriques. Par exemple, en Norvège, seulement 3 347 véhicules électriques ont été enregistrés en 2010. Depuis, leur nombre qui circule en Norvège a augmenté de façon considérable. En juin 2018, 167 745 véhicules entièrement électriques ont été comptabilisés.
En Suède, le constructeur automobile Volvo a pris la décision qu’il n’allait plus fabriquer de véhicules équipés seulement d’un moteur à combustion à partir de 2019. Il est le premier constructeur qui décide d’électrifier tous ses modèles de voitures.
Puis, en avril 2018, la Suède a inauguré la première route électrifiée dans le monde. La route est équipée d’un rail à conduction pour permettre à la batterie du véhicule de se recharger en mouvement. Long de deux kilomètres, seuls les camions entièrement électriques de PostNord, une entreprise suédoise de service postal, peuvent circuler pour le moment sur la route.
Xavier Bourassa
Est-ce que l’utilisation des voitures électriques est vraiment un avancement écologique ?
«Basée sur une perspective d’utilisation, l’utilisation des voitures électriques est un avancement d’un point de vue d’empreinte écologique. Du point de vue de fabrication, non. Du point de vue global du cycle de vie, oui», explique Martin Archambault.
Au Québec, se doter d’une voiture électrique est meilleur pour l’empreinte écologique. En effet, l’électricité au Québec provient à 95 % de l’hydroélectricité. Le chercheur Pierre-Olivier Roy a fait une étude au Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG) de Polytechnique Montréal sur les impacts environnementaux des voitures électriques en 2016 pour le compte d’Hydro-Québec.
«Le véhicule électrique est en moyenne 29 % moins nuisible pour la santé humaine, 58 % moins nuisible pour la qualité des écosystèmes et émet 65 % moins de gaz à effet de serre qu’une voiture à essence au Québec », selon des propos rapportés par Vincent Brousseau-Pouliot dans La Presse.
Toutefois, il faut parcourir 29 000 km pour que la voiture électrique soit plus verte qu’un véhicule à essence en matière d’émissions de gaz à effet de serre.
Aux États-Unis, dans la plupart des cas, une voiture électrique pollue plus qu’une voiture à essence. Par exemple, une Ford Focus électrique a une empreinte écologique supérieure de 0,49 cenne par mille parcouru qu’une Ford Focus à essence.
Pierre-Olivier Roy a constaté qu’une voiture électrique en Chine est plus polluante qu’une voiture à essence. Puis, en Allemagne, l’empreinte écologique est le même d’une voiture électrique ou à essence.
Sources: