La deuxième vague était-elle attendue auprès des organisations sportives ?
Au début du mois d’octobre, avec la hausse des cas de covid, Québec a annoncé l’arrêt complet des sports civils dans les zones rouges de la province, que ce soit les sports d’équipes ou individuel. En plus de toucher les jeunes enfants, cette décision affecte aussi un grand nombre d’adolescents et d’adultes. En effet, une étude menée en 2014-2015 par l’institut de la statistique du Québec a démontré que 60% des Québécois et Québécoises âgés de 15 ans et plus pratiquent des activités physiques au moins une fois par semaine.
Les athlètes de sports collectifs n’étaient pas étonnés de la décision du gouvernement, « Je m’y attendais », explique Marie-Pier Bonsaint, joueuse de hockey (Échange de courriels, 22 octobre 2020).
Du côté des sports plus individuels, la réaction n’a pas été la même. En effet, après avoir installé plusieurs mesures sanitaires strictes, comme l’interdiction de spectateurs durant les cours, la désinfection des planchers entre chaque groupe, l’achat de nouvel équipement et des places assignées au sol, ils ont dû fermer malgré tout. « En septembre, tous les propriétaires de studios voulaient respecter les mesures pour ne pas avoir à fermer, mais finalement ça n’a pas fonctionné », explique Andréanne Jodoin, enseignante de danse (Entretien zoom, 20 octobre 2020). Cependant, certaines organisations, comme la sienne, avaient déjà prévu l’arrivée d’un deuxième confinement « Lors des inscriptions en septembre, c’était inclus, c’est une clause dans le contrat des élèves qui indiquait qu’en cas de deuxième vague de covid tous les cours seraient donnés par Zoom », indique-t-elle.
Comment continuer son sport malgré la fermeture des établissements ?
À la suite de la première vague de la covid et à la première fermeture forcée des sports, plusieurs organisations ont mis en place des alternatives afin de permettre aux athlètes de rester actifs. Certains ont continué les cours, mais en ligne, d’autres ont envoyé des exercices à faire à la maison, des conférences ont également été données, tandis que certains entraineurs ont pris de leur temps pour donner des cours privés.
Cependant, dans la plupart des cas, le taux de participation sur les plateformes en ligne a drastiquement baissé. « Au début de l’été sur Zoom ils étaient 40 et maintenant ils sont 8 », mentionne Mélanye Goldyn, entraineuse de patinage artistique qui a 22 ans d’expérience à son actif (entretien zoom, 20 octobre 2020). Elle dit ne pas savoir si ce taux de participation bas est le résultat d’une baisse de motivation ou si simplement, c’est le moment qui ne fonctionnait pas dans l’horaire des jeunes. Elle mentionne également que l’entrainement est difficile à encadrer à distance, elle ne peut donc pas toujours s’assurer que ses athlètes effectuent les exercices qu’elle leur demande de faire à la maison. De plus, le manque de matériel et la restriction d’espace posent aussi un problème pour certains.
Les athlètes sont-ils moins motivés?
Malgré l’arrêt forcé du sport, certains athlètes sont très motivés. « Si tu me dis que demain je peux jouer au hockey, j’y vais », explique Marie-Pier Bonsaint qui est bouleversée qu’on lui interdise de pratiquer son sport.
Cependant, la pandémie affecte bien sur la motivation de nombreux athlètes qui ont vu leurs objectifs annuels bouleversés par l’annulation des compétitions. Le manque d’objectifs a alors un grand impact sur la motivation de l’athlète à continuer sa mise en forme seul à la maison.
Selon Heidi Malo, consultante en performance mentale travaillant avec des athlètes de tous les niveaux (entretien téléphonique, 20 octobre 2020), le confinement lors de la première vague a été bien accepté en général, mais aujourd’hui, les athlètes commencent à être découragés. « Ils ne voient pas le bout du tunnel », ajoute-t-elle. Elle espère tout de même que les athlètes qui décideront d’arrêter leur sport se poseront les bonnes questions et que leur décision ne sera pas prise uniquement en fonction de la pandémie qui est une situation qui ne persistera pas toujours. « L’important est de mettre le focus sur le processus et le développement », dit Heidi Malo en expliquant que les athlètes devront voir la pandémie comme une opportunité de se développer et de repousser leurs limites.
Quels sont les impacts de l’arrêt des sports sur la santé mentale?
Tout le monde connait les bienfaits du sport sur la santé physique d’une personne. Cependant, les impacts sur la santé mentale demeurent nébuleux pour plusieurs personnes. L’anxiété et la concentration sont toutes deux grandement affectées par la pratique de sports, mentionne Heidi Malo.
L’activité sportive permet aux personnes souffrant d’anxiété de décompresser et de faire sortir leur trop-plein d’émotions. C’est le cas d’Andréa Faust qui joue au soccer dans une ligue civile (entretien zoom, 21 octobre 2020). « Je suis quelqu’un qui fait beaucoup d’insomnie et je suis très stressée dans la vie. Le sport m’aide à gérer cet aspect-là de ma vie », explique l’athlète qui mentionne avoir été déçu par l’annonce de la fermeture des sports organisés puisqu’elle avait trouvé cela difficile lors du premier confinement.
Les personnes souffrant d’un déficit de l’attention (TDA ou TDAH) verront le sport comme un moyen de renforcer leur concentration. Sortir le trop-plein d’énergie et rester plus concentré dans le quotidien sont des effets positifs de la pratique d’une activité physique. Marie-Pier Bonsaint a d’ailleurs remarqué que sa concentration est plus marquée lorsqu’elle pratique des sports. Cette dernière trouve difficile de ne devoir se contenter que du vélo pour rester en forme.
Comment l’arrêt du sport affecte-t-il le quotidien d’un athlète ?
Plusieurs entraineurs ont remarqué une désorganisation de leurs athlètes après le premier confinement. C’est effectivement le cas, selon la consultante en performance mentale, Heidi Malo. « Tout change, donc il n’y a pas de structure. Ça devient mêlant pour les jeunes », a-t-elle expliqué en mentionnant que ces derniers sont en constante adaptation.
Adolescents et enfants sont souvent laissés à eux-mêmes alors que les parents travaillent, à l’extérieur ou en télétravail. Ils n’ont donc plus d’encadrement. Le sport leur permet alors d’aller chercher une forme d’organisation concrète.
Pour remédier à ce problème, Heidi Malo recommande fortement d’instaurer une routine. Les heures de sommeil (heures de lever et de coucher identiques à tous les jours), la pratique d’une activité physique, le temps libre et même la nutrition sont des éléments d’une routine qui va aider les jeunes à rester organiser dans toutes les sphères de sa vie, dont l’école. Pour les enfants plus jeunes, les parents peuvent aider à l’élaboration et le maintien de cette routine.
Les organisations ont-elle eu des retombées négatives?
Les ravages de la première vague au mois de mars ont eu le dessus sur les plus petites écoles, « Nous, la première vague nous a mangé tout rond», explique Andréanne Jodoin en parlant d’un studio de danse pour lequel elle enseignait qui a dû fermer ses portes.
Au mois de septembre, lors de la réouverture des sports, les inscriptions ont diminué à vue d’œil. Dominic Boucher, instructeur de taekwondo (entretien zoom 21 octobre 2020), explique «Nous auparavant à notre école on avait à peu près 300 élèves, maintenant on en a peut-être 75 ». Il mentionne également qu’il y a plusieurs raisons à cette diminution, certains ont peur d’attraper la covid, d’autres ont un manque de temps avec l’école en ligne, tandis que pour des athlètes c’est le manque d’argent dû au confinement qui vient en cause.
La Covid-19 est une nouvelle maladie qui peut s’attaquer à tout le monde, comme ce fut le cas du joueur de hockey québécois George Laraque qui a été hospitalisé après avoir contracté le virus. N’oublions pas aussi, l’équipe de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), l’Armada de Blainville-Boisbriand, qui a été au coeur d’une importante éclosion au début du mois d’octobre.
Les organisations tout comme les sportifs devraient savoir d’ici le 28 octobre si les mesures seront prolongées.
Sources
https://www.journaldemontreal.com/2020/05/05/covid-19-georges-laraque-est-de-retour-a-la-maison