Pourquoi les manifestations pour le climat mobilisent-elles les étudiants du secondaire ?

Il n’y a pas d’âge pour vouloir sauver la planète, les manifestations environnementales en sont l’exemple parfait puisqu’aux étudiants universitaires et collégiaux se joignent des étudiants du secondaire. La création du groupe Pour le futur Mtl par des étudiants du secondaire incite les jeunes à sortir dans les rues afin d’exiger des actions gouvernementales pour lutter contre les changements climatiques. Ce groupe a également organisé des manifestations pour le climat tous les vendredis depuis sa création. La création de ce groupe militant n’aurait toutefois pas été possible sans une certaine prise de conscience de la part des jeunes du secondaire face à la situation climatique. Étudiante au collège St-Bernard de Drummondville, Éloïse Pépin estime qu’il est en son devoir de prendre action puisque « ce sera [sa] génération qui subira les conséquences du réchauffement climatique » (Entrevue téléphonique, 17 septembre 2019). Afin de faire entendre sa voix, la jeune adolescente compte se rendre à la manifestation du 27 septembre à Montréal accompagnée de plusieurs autres élèves de son école.

Le 27 septembre, des milliers de québécois sont attendus dans les rues de Montréal et la figure internationale de la lutte aux changement climatique, Greta Thunberg, doit se joindre à la marche. L’adolescente suédoise est connue pour ses discours chocs, entre autres devant les politiciens, qui en fait une inspiration pour plusieurs jeunes. Du haut de ses 16 ans, elle invite régulièrement les jeunes étudiants à manifester « pour leur futur ».

manifestation-climat-jeunes.jpg Jean-Sébastien Cloutier, Radio-Canada

Les écoles sensibilisent-elles les étudiants aux problèmes environnementaux ?

Le programme du ministère de l’Éducation du Québec prévoit d’aborder la question environnementale dans le cadre du cours Monde contemporainCe cours est donné aux étudiants à l’occasion de leur dernière année de secondaire. Éloïse Pépin mentionne n’avoir eu aucun cours abordant le changement climatique avant de commencer son secondaire 5. La jeune étudiante trouve anormal que le sujet ne soit pas abordé plus tôt au cours du parcours secondaire compte tenu de « l’urgence climatique ».

Dans une réalité tout à fait différente, Marie-Claude Monette, enseignante d’histoire au collège Citoyen, sensibilise ses étudiants à l’enjeu climatique dès leur première année de secondaire. La professeure de l’école privée située à Laval explique que son cours de « leadership entrepreneurial responsable » lui laisse une grande latitude sur les sujets abordés en classe (Entrevue téléphonique, 14 septembre 2019). Grâce à cette liberté, elle a transformé la participation de sa classe de secondaire 1 à la marche pour le climat en un projet sur plusieurs semaines.

EDM4446_Chiarello_Marguerite_manif.jpg Marguerite Chiarello

Comment l’entourage réagit-il à la mobilisation des jeunes du secondaire ? 

Malgré la réticence de certains parents à laisser leur enfant participer à un tel événement, d’autres se sont montrés très enthousiastes à l’idée, soutient Marie-Claude Monette. L’enseignante d’histoire mentionne également l’incompréhension de sa directrice face au projet et à ses objectifs pédagogiques, doutes qui se sont rapidement envolés.

Pour sa part, Éloïse Pépin affirme que la direction de son école reste ouverte aux propositions des étudiants craignant uniquement que les étudiants veuillent participer à la marche afin de manquer de l’école.

pour le futur mtl.jpg Environnement jeunesse

Comment les étudiants du secondaire se mobilisent-ils ?

La création du groupe Pour le futur Mtl permet aux étudiants du secondaire à Montréal de se mobiliser et de faire des actions ensemble. Hors de la métropole, les jeunes ne peuvent pas toujours se fier sur un groupe militant environnemental pour organiser des événements. Au collège St-Bernard de Drummondville, Éloïse Pépin et quelques camarades de classes ont formé un comité afin de se réunir pour parler d’enjeux environnementaux, mais surtout pour organiser leur participation à la manifestation du 27 septembre à Montréal. Le groupe d’étudiants a constitué une équipe pour présenter le projet à la direction de l’école dans le but que celle-ci autorise la quarantaine d’élèves intéressés à manquer les cours pour aller manifester. D’autres participants à cette initiative ont contacté la député de Québec solidaire Manon Massé ainsi que Greta Thunberg dans l’espoir de les rencontrer lors de leur passage à Montréal. « Madame Massé a déjà répondu à notre message et nous a dit qu’elle est intéressée à nous rencontrer », rappelle Éloïse Pépin. Les étudiants attendent toujours une réponse de Greta Thunberg, mais gardent espoir de la rencontrer même s’ils reconnaissent qu’elle est très en demande.  

foule manif climat eric demers.jpg Éric Demers

Comment les écoles encadrent les grèves au niveau secondaire ?

La Commission scolaire de Montréal (CSDM) a annoncé que la journée du 27 septembre sera une journée pédagogique pour toutes ses écoles en prévision de la manifestation pour le climat. « L’avenir de la planète, c’est aussi celui de nos enfants. Ce sont nos citoyens de demain », a indiqué la présidente de la commission scolaire, Catherine Harel Bourdon. Ainsi, tous les étudiants de la CSDM seront libres de se joindre à la manifestation pour le climat s’ils le désirent.

À l’extérieur de Montréal, les étudiants qui souhaitent se joindre à une manifestation la journée du 27 septembre peuvent sécher les cours, ce que les représentants de Pour le futur Mtl incitent fréquemment à faire.

407580e0-d97e-11e9-a9f4-ef1720eb4c17_JDX-NO-RATIO_WEB.jpg Simon Clark

La mobilisation des étudiants de niveau scolaire a-t-il un impact sur le gouvernement ?

Les actions collectives, entre autres, des étudiants provenant du secondaire forcent le gouvernement québécois à porter attention à la situation. À la suite de l’annonce de la CSDM d’une journée pédagogique institutionnelle pour permettre aux étudiants de participer à la manifestation, le premier ministre François Legault a critiqué la décision de la CSDM, martelant que les enseignants devront travailler durant cette journée et non manifester. Le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge abondait dans ce sens affirmant que « la solution aux problèmes environnementaux, elle est à l’école, elle n’est pas dans la rue ».

La CSDM est allée à l’encontre des consignes du premier ministre en autorisant les enseignants à se joindre aux manifestations. 

Sources:

https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/201909/08/01-5240364-greta-thunberg-sera-a-montreal-le-27-septembre.php
https://www.lapresse.ca/actualites/education/201909/18/01-5241758-manifestation-pour-le-climat-le-gouvernement-est-deconnecte-dit-la-csdm.php
http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/education/jeunes/pfeq/PFEQ_monde-contemporain-4-unites.pdf

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