Les jeunes prennent-ils des risques avec leurs investissements financiers?

Avec l’état actuel de l’économie mondiale en contexte de pandémie, nombreux sont à la recherche de profits et les jeunes de 18 à 35 ans flairent eux aussi les bons coups, même si prendre des risques s’avère parfois nécessaire. Il vaudrait mieux rester loin des investissements à risque, explique en substance David Truong, conseiller principal du centre d’expertise en gestion privée chez Banque Nationale.

« C’est facile de dire je vais investir dans Tesla, dans Facebook, il y a une certaine tendance là-dessus, mais c’est plus un jeu […] sur le long terme ça ne se tient pas debout,  […] avec la pandémie, c’est presque  [un pari], j’ai des amis qui disent [ça] aussi, mais il n’y a aucun fondement qui justifie d’investir [dans les actions et le marché boursier] […] Oui tu peux faire un bon coup, mais ça peut aussi aller de l’autre côté. » ( Entretien Téléphonique, 8 décmebre 2020 )

À ce sujet, l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) recommande aux jeunes souhaitant se lancer dans l’investissement autonome, par l’entremise de son site web, de se dresser un profil d’investisseur, notamment grâce à leurs outils disponibles en ligne, permettant aux jeunes de dresser un portrait d’investisseurs et d’analyser leurs résultats, avant d’entreprendre des investissements trop audacieux.

Simon Duclos

Quels types d’investissements financiers font-ils?

En ce qui concerne les investissements les plus fréquents chez les jeunes, il semblerait que les régimes d’épargne aient la côte auprès des jeunes. Comme l’indique, Louis-Alexandre Lacoste, directeur général de l’entreprise à but non lucratif Éduc Épargne, deux types d’investissement se démarquent.

« Ce sont les deux traditionnels, les CELI et les REER, après c’est le gestionnaire de fonds qui répartit les actifs selon le profil de la personne s’il est plus prudent, conservateur ou plus à risque. Ce sont les deux moyens les plus connus. »

Il est également d’avis que si les jeunes ont à faire un choix entre les deux, le CELI serait le choix idéal pour les plus jeunes.

« Le REER oui, donne un retour d’impôt, mais si le salaire annuel n’est pas très grand, le retour d’impôt ne le sera pas non plus, tandis que le CELI permet plus de flexibilité si la personne doit aller chercher de l’argent rapidement pour un imprévu ou un projet et cet argent-là est à l’abri de l’impôt, on peut toujours le retirer et ça ne paraitra pas dans notre déclaration d’impôt. » ( Entretien téléphonique, 8 décembre 2020 )

Simon Duclos

Les jeunes épargent-ils assez?

En ce qui concerne l’épargne, le profil d’épargne est propre à chacun, selon Louis-Alexandre Lacoste, par contre certains se rendent compte un peu trop tard qu’il faut épargner et souhaite voir davantage de gens se créer des habitudes d’épargne:

« Ce qui dangereux c’est de se réveiller à 45 ans et de réaliser que la retraite n’est pas très loin […] [certains] doivent travailler plus longtemps, des gens vont réduire leur rythme de vie et ceux qui prennent des habitudes d’épargne, auront la liberté de choix ; choisir quand ils veulent prendre leur retraite, quel type de retraite ils veulent, est ce qu’on veut voyager ou [jardiner] dans notre cours? […] Il faut commencer à en parler assez tôt pour planifier ces choses-là même si ça paraît loin. »

De plus, André Lacasse, conseiller financier indépendant affirme qu’il y a une stratégie toute simple qu’il conseille à ses jeunes clients afin d’épargner suffisemment et de manière constante.

« Dès que tu as un emploi, il faut commencer à mettre 10% du salaire de côté à chaque deux semaines, peu importe le salaire, c’est définitivement la chose la plus importante à faire quand tu veux épargner ».

Les jeunes sont-ils autonomes dans la gestion de leur portefeuille?

Toujours selon Lacoste, les jeunes, mais également les gens de tous âges sont très réticents à gérer leurs portefeuilles de façon autonome. Encore aujourd’hui les experts sont très sollicités, surtout lorsque cela concerne les investissements financiers.

« C’est sûr que l’investissement autonome c’est quelque chose qui devient de plus en plus populaire, par contre, je n’ai pas l’impression que c’est encore très généralisé. Les premiers réflexes c’est de prendre des REER, prendre des CELI […] mais ce sera confié à un conseiller qui va gérer leurs finances, je ne sais pas s’il y a cet engouement [pour l’investissement autonome], les gens sont encore réticents à se faire confiance, ils vont voir des professionnels pour ne pas perdre les épargnes qu’ils veulent investir. »

Simon Duclos

Quels sont les projets d’investissements des jeunes?

Bien que les projets financiers varient énormément pour tous, en ce qui concerne les jeunes, ils semblent tous suivre une certaine ligne directrice, puisqu’ils seraient pour la plupart intéressés à s’offrir une maison, qui est selon Truong, le plus gros investissement dans la vie de tout jeune.

« Le plan de match peut se ressembler […] pour beaucoup, après les études, ils veulent mettre de l’argent de côté et mettre de l’argent dans une maison, c’est le premier gros achat […] sinon, certains vont dire qu’ils souhaitent s’acheter une voiture ou qu’ils aimeraient voyager, mais ça prend de l’argent pour avoir toutes ces choses-là, alors il faut se faire un bon plan de match. »

Truong, lui-même âgé de 35 ans, ajoute que les jeunes doivent prendre conscience de l’importance de planifier un budget afin de prévoir les projets d’envergure, malgré la lourde tâche que cela représente pour plusieurs.

« Actuellement, les jeunes, ont en fait pas de budget  […] mais c’est très important d’en faire un […] pour prévoir le futur et les projets qui vont arriver et conscientiser sur les dépenses qu’on fait [au quotidien]. Par contre, c’est plate à faire, c’est long à faire et c’est une prise de conscience, on nous met dans la face nos quatre vérités et quand on réalise que ça commence à être cher on n’a pas envie de le savoir. »

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Dans l’avenir, quel sera le rapport entre les jeunes et l’investissement?

Actuellement, les jeunes s’y connaissent plus que jamais en matière d’économie et selon André Lacasse, ils sont surtout plus responsables avec leurs investissements et sont attirés par l’indépendance financière.

« Les jeunes voient beaucoup plus l’importance de mettre de l’argent de côté et d’investir aussi. Dans ma clientèle, les jeunes étudiants qui commencent à travailler ont le désir d’être indépendants financièrement et c’est ce qui les motive. […] Au sein de ma jeune clientèle, je n’ai pas de jeunes qui sont endettés […] Il y a du travail à faire encore, oui, mais il y a plein de ressources destinées aux jeunes et à cause de ces sources d’information, ils sont plus au courant qu’auparavant. » ( Entretien téléphonique, 8 décembre 2020 )

De plus, les différentes sphères d’autorités ont elles aussi leur part de travail à faire auprès des jeunes : « Les cours d’éducation financière c’est une belle initiative, mais c’est un rôle de société, ça implique les parents, le travail, l’université  […] on doit en parler davantage au Québec. »

Sources :

https://lautorite.qc.ca/grand-public/tes-affaires

https://www.servicesfinancierslacasse.com/

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