La faune sauvage est en danger, mais à quel point ?

Plusieurs espèces animales sauvages sont en voie de disparition partout dans le monde. « Toutefois, selon l’indice de la biomasse, ce sont des animaux qui composent les espèces qui disparaissent et non toujours l’espèce au complet », souligne Jean-François Giroux, professeur d’écologie au département de sciences biologiques de l’UQAM. (Entrevue téléphonique le 7 novembre). Par exemple, en 50 ans, la planète aurait perdu près de 60 % de ses animaux sauvages. Les chiffres sont encore plus flagrants en Amérique latine, un continent dans lequel les vertébrés ont disparu à 90 % selon un constat de la WWF (World Wide Fund). L’orang-outan est un primate qui est, lui aussi, menacé de disparaître. Cette espèce de singe vit en Indonésie, plus particulièrement à Bornéo où la culture de l’huile de palme engendre une déforestation qui met en danger la vie des orangs-outans. À ce rythme, d’ici 2025, la population des orangs-outans aura diminué de 82 % en 75 ans. En Chine, les tigres et les rhinocéros, sont redevenus des animaux pouvant être chassés. Les cornes des rhinocéros et les os des tigres sont souvent utilisés à des fin médicales.

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Comment les gens réagissent face à ces constats ?

La population n’est pas nécessairement alarmée face aux espèces en voie d’extinction. « Les écologistes et quelques individus sensibilisés sont les seuls qui sont choqués par rapport à cela », note Jean-François Giroux. Si la déforestation, la perte d’habitats des animaux et l’agriculture intensive font que plusieurs espèces animales sont en danger, les hommes, eux, continuent leurs activités en « laissant leurs yeux fermés ». Des manifestations, faites par l’organisation sans but lucratif Greenpeace, est une réaction souvent vue. Par exemple, en septembre dernier, à Rouyn-Noranda, une marche a été entreprise par des membres du mouvement Greenpeace. Il y a aussi la « science citoyenne », un partage d’observation des citoyens aux scientifiques, qui est de plus en plus populaire pour aider les chercheurs. Les changements climatiques pèsent lourds dans la balance, pourtant les mesures prises en charge pour réduire la pollution ne sont pas toujours soutenues. La surpêche continue si les prises sont bonnes et les braconniers ne se font pas arrêter.

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Pourquoi continuer à détruire des espèces animales sauvages ?

La volonté collective est absente. « S’il y a de l’argent à faire, les politiciens ou les dirigeants vont continuer de gratter », déclare Jean-François Giroux. La Chine a renversé une décision vieille de 25 ans voulant interdire l’utilisation des produits du tigre et du rhinocéros. Selon Iris Ho, responsable de l’association Humane Society International, la nouvelle politique suivie à Pékin va aboutir à créer une filière de « blanchiment » de produits de braconnage. Dans ce pays, il y a une demande persistante des produits dérivés du tigre tels que les os, les griffes et le pénis pour une utilisation aphrodisiaques dans la médecine traditionnelle. La corne du rhinocéros, quant à elle, était utilisée, autrefois, contre la fièvre. Toutefois, depuis les supposées vertus contre le cancer, la corne du rhinocéros est de plus en plus en demande depuis le début des années 2000 surtout au Vietnam. Près de 60 % des aliments qui nous entourent sont constitués d’huile de palme, c’est pourquoi la déforestation en Indonésie et la plantation d’arbre produisant l’huile de palme continue. Cela fait en sorte que les orangs-outans sont obligés de rencontrer l’homme et sont souvent tués par lui ou par les crocodiles qui envahissent les eaux que les singes doivent nager pour survivre.

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Quels sont les impacts sur la Terre et sur les humains ?

Il y a des impacts sous tous les aspects, autant environnemental qu’économique. Néanmoins, « les impacts ne sont pas fulgurants pour le quotidien des humains et encore moins pour leur vie », souligne Jean-François Giroux. Avec la disparition des espèces sauvages, les écosystèmes sont en péril. Cela peut engendrer de graves conséquences pour les animaux. Il y a des impacts économiques importants face à la protection de la biodiversité. Pour ce qui est des impacts économiques, tout ce qui entoure les animaux sauvages est dispendieux. « T’as déjà essayé de compter le nombre d’ours polaires dans le Nord? C’est immense ! », lance-t-il. Les équipements sont nombreux et dispendieux. Payer des permis, suivre des oiseaux avec des drones, poser des caméras miniatures pour voir les souris de la forêt amazonienne, « tout est cher et difficile », renchérit Jean-François Giroux.

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À quel prix faut-il protéger la biodiversité ?

« Faire comprendre l’importance de la biodiversité aux gens et à la politique est un défi, puisque cela n’est pas quelque chose qui touche directement les personnes », déclare Jean-François Giroux. Les valeurs scientifiques, alimentaires, économiques, esthétiques et culturelles sont des points importants pour faire en sorte de protéger les animaux sauvages. Le décor de la nature change à cause la perte des espèces sauvages. Pour les pays en voie de développement, ces animaux jouent un rôle crucial dans l’agriculture et le tourisme. Les gens sont sensibilisés lorsque cela touche leur poche par exemple. Pourtant la biodiversité joue un rôle vital dans le fonctionnement des écosystèmes, car la destruction d’une espèce peut alors fragiliser l’ensemble de l’écosystème. De plus, selon les scientifiques, elle est méconnue puisque si 1,8 million d’espèces ont été décrites dans le monde, il resterait entre 10 et 100 millions d’espèces à découvrir. « Les gens ont des plantes dans leur appartement, chouchoutent leur chien, comblant leur besoin de nature de manière artificielle en oubliant ce qui arrive à la vraie nature, dehors. Cette déconnexion est dangereuse, il faut nous reconnecter avec la nature », affirme, dans un article de LCI, le directeur du WWF. « La nature est la base de toute chose », mentionne Jean-François Giroux.

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Existent-ils des solutions ?

Certes, selon les chercheurs, il y a un grand mouvement d’éducation et de sensibilisation à faire pour protéger les animaux sauvages. « Il faut trouver un moyen de rendre cela proche des gens », déclare Jean-François Giroux. Par exemple, au Québec, la Société de protection des animaux (SPA) met en œuvre des plans pour protéger plusieurs espèces animales telles que la loi 54 qui redéfinit l’animal en tant qu’être doué de sensibilité. Toutefois, les animaux exotiques de la faune en captivité sont retirés de cette loi. Donc, ce sont presque seulement les animaux domestiques qui sont protégés. En 2012, des mesures ont été prises pour faire la protection du faucon pèlerin, tel qu’un programme de nidification dans des carrières. Au Portugal, les animaux sauvages utilisés dans les cirques seront remis en liberté d’ici 2024.

Sources :

Journal de Montréal, Chine: tigre et rhinocéros réautorisés à la vente, colère des écologistes, 30 octobre 2018.

National Geographic, Indonésie : l’huile de palme condamne les orangs-outans à l’extinction, 2017.

La voix du Nord, Au Portugal, plus d’animaux sauvages dans les cirques, 6 novembre 2018.

Le Devoir, À grands mammifères, grandes menaces, 29 juillet 2016.

LCI, Menace sur la biodiversité : «On ne peut pas à la fois protéger la nature et maintenir un modèle de développement destructeur», 30 octobre 2018

La Presse, Québec adopte une loi pour le bien-être et la protection des animaux, 4 décembre.

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