Comment utiliser les nouvelles technologies dans les musées ? 

Que ce soit avec des projections, de la réalité virtuelle ou encore du 3D, les nouvelles technologies font maintenant partie intégrante de la majorité des musées. Le Musée des Beaux-Arts de Montréal (MBAM) offre présentement la possibilité de visiter une exposition sur l’Égypte antique, sans… avoir à ouvrir les cercueils des pharaons, ou retirer les bandelettes des momies. Si cela est possible, c’est grâce aux scans radiographiés, nouvelle technique moderne permettant de faire des images sous plusieurs couches, divulguant ainsi aux curieux le contenu des sarcophages sans risquer d’abîmer les pièces archéologiques et de manquer de respect aux défunts. Le MBAM est un exemple d’une  utilisation efficace des nouvelles technologies dans un contexte historique et culturel. Les expositions du Centre Phi dans le Vieux-Port de Montréal se basent principalement sur l’intégration de nouveaux médiums. Le Centre Phi se qualifie de « pôle culturel artistique qui accueille des créations originales ». Il exploite plusieurs des œuvres usant de la réalité virtuelle, plongeant ainsi les visiteurs dans des univers tout autre. « Certains contenus pédagogiques permettent aux jeunes de mieux comprendre l’art et de développer leur sens critique », explique Joanne Burgess, professeure d’histoire à l’UQAM et du patrimoine de Montréal (entrevue téléphonique, le 6 novembre 2019).

Capture d’écran 2019-11-07 à 12.56.33.png Marie-Provence St-Yves

Les nouvelles technologies permettent-elles d’augmenter la clientèle des musées ?

« Les visiteurs voyagent beaucoup de nos jours et comparent donc beaucoup. Quand les gens se déplacent, ce n’est pas nécessairement pour être surpris par des technologies, mais pour être en contact avec des choses vraies, réelles et authentiques », croit Yves Bergeron, muséologue québécois et professeur-chercheur à l’UQAM en patrimoine et muséologie (entrevue téléphonique, le 5 novembre 2019). Il explique que les musées font usage de diverses stratégies pour attirer la clientèle, en commençant par l’offre de la programmation. Il faut que les musées se préparent plusieurs années d’avance pour choisir les sujets, rassembler les œuvres, prévoir les coûts, et surtout, anticiper les attentes des visiteurs. Le Musée McCord organise des expositions en partie à l’extérieur pour attirer la clientèle. « L’utilisation des réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, Twitter est une stratégie exploitée par pratiquement tous les musées pour attirer un maximum de clientèle et toucher les jeunes », mentionne Joanne Burgess. Elle dénote que selon des statistiques, la population immigrante fréquente moins les musées et se sent moins interpellée par l’histoire de leur pays d’accueil. Les musées sont en revanche particulièrement fréquentés par les célibataires de 20 à 30 ans.

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Comment l’expérience muséale est-elle différente avec la présence des technologies ?

Yves Bergeron raconte que les nouvelles technologies n’ont fait leur apparition dans les musées qu’il y a une vingtaine d’années. L’arrivée des CD dans les expositions dans les années 1990 a causé beaucoup de réaménagements et de travaux pour les centres culturels et les musées. Les nouveaux médiums et supports ont aussi permis l’apparition de nouvelles formes d’arts et d’œuvres plus immersives. Les nouvelles technologies changent vite, évoluent à une vitesse fulgurante. Pour suivre ce rythme et satisfaire les visiteurs, les musées doivent investir beaucoup de temps et d’argent, explique Yves Bergeron, muséologue et professeur-chercheur. Joanne Burgess donne des exemples de ce qu’apportent les nouvelles technologies : « Plusieurs musées ont cherché à développer des applications mobiles qui accompagnent les expositions. Cela va bien plus loin que les simples audioguides. » Elle ajoute que le Musée McCord a d’ailleurs expérimenté la possibilité de représenter des objets en 3D.  

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Les expositions multimédias sont-elles chose courante ?

Les expositions multimédias sortent complètement des espaces culturels et des musées pour se diriger sur Internet. Ainsi sont créés des « cyber-musées », permettant aux internautes de consulter des contenus artistiques sans avoir à se déplacer. Yves Bergeron est clair sur le sujet : « L’expérience à travers le web n’a rien à voir à l’expérience dans un musée. »  Il ajoute que l’expérience muséale inclut l’interaction et l’interrelation avec tous les autres visiteurs des salles et le fait de se déplacer. Rien ne pourra remplacer une réelle visite au musée. La diffusion des œuvres et la consommation de celles-ci en ligne web peut d’ailleurs entraîner des problèmes au niveau des droits d’auteur. Joanne Burgess, professeure d’histoire et du patrimoine de Montréal, trouve quant à elle que les expositions virtuelles sur le web sont intéressantes, mais un problème majeur reste le coût de la production de la plateforme numérique.  

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Comment les visiteurs réagissent aux nouvelles technologies dans les musées ?

Les nouvelles technologies dans la sphère culturelle sont très bien reçues par le public. Les visiteurs aiment être surpris, transportés et guidés. Le musée Pointe-à-Callière a d’ailleurs compris cela en incluant un spectacle multimédia. Nommé « Retour aux bâtisseurs de Montréal », ce spectacle de 17 minutes met à profit les talents et moyens technologiques qui font la réputation de Montréal. Cette immersion transporte les visiteurs à l’époque de la fondation de la ville à l’aide de projections 360 degrés. Voici un bel exemple de la technologie au profit de l’histoire et de l’art.  Les commentaires sur les expositions novatrices et modernes de la sorte sont principalement positifs.

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L’apport des technologies dans les musées est-il plus positif que l’inverse ?

Les nouvelles technologies permettent de voir les expositions et les musées d’un œil différent. Elles offrent une expérience moderne, interactive et parfois même sensorielle.  Associer la technologie à l’histoire et à la culture permet d’attirer une clientèle de tous genres confondus et de leur proposer un contenu plus dynamique et novateur. Joanne Burgess mentionne que les musées ont des ressources limitées. Il faudra voir s’ils arrivent à suivre le rythme de l’évolution technologique. « L’idéal pour avoir plus de ressources serait une augmentation de la clientèle », conclut Joanne Burgess. 

Sources

Entrevue téléphonique avec Yves Bergeron, muséologue québécois et professeur-chercheur à l’UQAM en patrimoine et muséologie le 5 novembre 2019

Entrevue téléphonique avec Joanne Burgess, professeure d’histoire à l’UQAM et du patrimoine de Montréal le 6 novembre 2019

Centre Phi

https://phi-centre.com/en/?gclid=Cj0KCQiAno_uBRC1ARIsAB496IU2DayUze1zJjl-2d-4StgVmUkwDCAMacQqEDmHEyx87CFhSCYrxLoaArE0EALw_wcB

Musée des Beaux-Arts de Montréal

https://www.mbam.qc.ca/en/

Musée McCord

https://www.musee-mccord.qc.ca/fr/

Musée Point-à-Callière

https://pacmusee.qc.ca/en/

LaPresse

https://www.lapresse.ca/voyage/destinations/quebec/musees/201205/09/01-4523518-lapport-des-nouvelles-technologies-dans-les-musees.php