Qu’est-ce que le fast fashion ?
Chaque jour, on entend un peu plus parler de l’environnement et des pratiques de l’humain qui lui nuise. Après le pétrole et le plastique, c’est maintenant au tour des vêtements d’être dans la ligne de mire des écologistes. L’industrie de la mode est en effet l’une des plus polluantes et en particulier la fast fashion ou mode rapide. Ce terme est utilisé pour parler de celle telle qu’on la voit dans certains magasins comme H&M, Zara, Forever 21 et bien d’autres, c’est-à-dire avec un approvisionnement quasi-quotidien en nouveaux morceaux à bas prix et souvent de mauvaise qualité. « Toutes les modes ont toujours été très rapides et il y en a qui sont encore plus rapides que d’autres. On sort des nouveaux modèles [de vêtements] pour entretenir la diversité et maintenir l’intérêt du client pour le faire acheter plus. C’est une tactique marketing. », explique Benoit Duguay, professeur au département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM et auteur de quatre livres sur la consommation responsable (conversation téléphonique, 17 septembre 2019). C’est d’ailleurs avec la naissance de Zara en 1975 qu’est apparue la mode rapide.
Wong Maye-E/Associated Press
Quels sont ses impacts ?
Ce phénomène n’est pas sans son lot de conséquences, car la majorité des vêtements créés ne sont pas vendus et finissent dans les sites d’enfouissement. La main d’oeuvre utilisée pour leur fabrication est souvent sous-payée et issue de pays en développement comme la Chine ou le Bangladesh. En plus de ses conditions de travail souvent peu enviables, cette main d’oeuvre doit faire face aux nombreux produits chimiques qui entrent dans la composition des vêtements et qui nuisent à leur santé. Ces produits chimiques vont ensuite sur ceux qui portent ces vêtements et finissent dans la nature une fois qu’ils sont jetés. En effet, selon thegoodtrade.com, la peau absorbe énormément des produits auxquels elle est exposée et donc de ceux contenus dans les vêtements que l’on porte. En 2016, Courrier International révélait que « ces produits chimiques peuvent s’échapper des textiles et, si les décharges ne sont pas étanches, s’infiltrer dans les nappes phréatiques. Brûler ces textiles dans des incinérateurs peut libérer des toxines dans l’air. »
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Pourquoi c’est si populaire ?
Selon M. Duguay, la popularité de la mode rapide s’explique par le besoin constant de l’humain de consommer et d’avoir de nouvelles possessions. « Tu viens d’acheter quelque chose, la nouveauté va s’estomper dans deux trois jours. Le vêtement neuf que tu achètes aujourd’hui dans trois jours ce ne sera plus un vêtement neuf ce sera juste un vêtement. Alors de t’en faire désirer un autre la semaine prochaine ce n’est pas difficile. » Comme la mode rapide renouvelle constamment son stock, elle peut continuellement offrir au consommateur de nouveaux produits pour satisfaire son appétit de nouveauté.
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Qu’est-ce qui distingue la mode rapide de la mode régulière ?
Outre le nombre de vêtements disponibles et la rapidité à laquelle la mode rapide se renouvelle, l’une des principales différences entre celle-ci et la mode régulière est la coupe des vêtements. Celle-ci va influer sur la durabilité des vêtements. « Il y a des vêtements que tu achètes qui vont durer 20 ans et qui ne se démoderont pas car ils ont été coupés dans un style plus classique qui a démontré qu’il peut traverser les âges. D’autres vêtements sont coupés de façon un peu plus extravagante et unique pour plaire à quelqu’un qui veut se distinguer un peu plus », explique Benoit Duguay. « Souvent, ce que je reproche à tous ces vêtements, en plus des dommages sur l’environnement et la santé, c’est que ce sont des vêtements qui sont presque des vêtements que j’appelle kleenex ou papier mouchoir, parce que le tissu est tellement mince que ça ne va pas supporter plus que un deux, peut-être trois lavages et après c’est poubelle. »
Hyoung Chang, The Denver Post
Comment peut-on s’habiller de manière plus responsable ?
Selon M. Duguay, c’est d’abord et avant tout au consommateur de faire de meilleurs choix. « Ça commence par chacun d’entre nous de décider d’être responsable. Ce n’est ni au gouvernement ni aux entreprises de faire quelque chose, c’est aux gens. » Il faut donc mieux se renseigner sur les vêtements que l’on achète ainsi que sur les compagnies qui les produisent. Il est aussi possible d’acheter des vêtements de seconde main, afin de leur donner une seconde vie et ainsi réduire leur impact écologique.
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Est-il plus judicieux d’acheter des vêtements québécois ?
Il est parfois tentant d’encourager des créateurs locaux en se disant que leur impact écologique est moindre, mais pour M. Duguay, il faut faire attention. « On ne peut pas généraliser. On ne peut pas dire que les fabricants québécois sont de meilleure qualité et on ne peut pas dire qu’ils génèrent moins de pollution. La seule chose qu’on peut dire c’est que puisqu’ils viennent de moins loin, ils ont besoin de moins de transport pour arriver jusqu’ici. Mais c’est à supposer que le vêtement québécois a été fabriqué au Québec, parce qu’il y a certains vêtements québécois fabriqués en Chine, donc tout ce que je viens de dire ne tient pas dans ce cas là. » Se renseigner avant d’acheter reste donc la clé pour faire des choix éclairés.
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