Comment rendre l’économie éco-responsable ?

La dixième édition du Baromètre de la consommation responsable fait par l’Observatoire de la consommation responsable de l’École des Sciences de la Gestion de l’UQAM a lieu le 26 novembre 2019. Les visiteurs auront l’occasion de participer à un parcours où seront abordés divers thèmes de la consommation responsable dont des types d’économie innovateurs et surtout éco-responsables. L’un d’entre eux est l’économie circulaire. Ce modèle économique est de plus en plus populaire, en particulier au Québec où plusieurs compagnies utilisant ce modèle émergent.

Capture d’écran 2019-11-21 à 22.12.47.png Alexandra Grenier

Qu’est-ce que l’économie circulaire ?

L’économie circulaire est un modèle économique qui permet de mieux intégrer les déchets produits par les compagnies dans leur processus de production. Selon Charles Séguin, professeur au département des sciences économiques de l’UQAM, l’un des buts de l’économie circulaire est de « responsabiliser les entreprises sur la propriété de leurs déchets ». (Entrevue téléphonique le 21 novembre 2019) En étant responsables des déchets qu’ils produisent et de la fin de vie des objets qu’ils vendent, les compagnies doivent trouver des solutions pour maximiser leurs profits et minimiser leurs pertes. Par exemple, la compagnie de pneus Michelin, qui est la marque de pneus la plus vendue dans le monde, offre maintenant un service de location de pneus pour ses clients corporatifs. Comme ses pneus sont loués et non achetés, la compagnie doit faire le maximum pour les remettre en bon état à la fin de la location pour pouvoir les utiliser le plus longtemps possible. Ce n’est donc plus la responsabilité du consommateur d’entretenir le produit, mais celui de la compagnie. « On passe d’une économie d’achats à une économie de location », déclare Séguin. « C’est avantageux pour les compagnies, puisqu’en réusinant leurs produits, elles évitent de débourser pour en fabriquer de nouveaux. »

Capture d’écran 2019-11-21 à 09.47.10.png Alexandra Grenier

Quelles sont les compagnies québécoises qui font de l’économie circulaire ?

L’un des créneaux les plus prisés par les compagnies qui utilisent ce modèle économique est le secteur alimentaire. Deux compagnies montréalaises, Loop et Blanc de gris ont d’ailleurs déjà le vent dans les voiles. Loop est une compagnie qui vend des jus, des bières et des gâteries pour chien en utilisant des produits alimentaires qui ont été rejetés avant d’atteindre les étalages des supermarchés. La compagnie souhaite ainsi réduire le gaspillage alimentaire, puisque les produits qu’elle utilise sont parfaitement consommables, mais ne sont pas assez attrayants visuellement pour être vendus en épicerie. En utilisant ces produits, Loop a jusqu’à maintenant évité plus de 2400 tonnes d’émission de gaz à effet de serre et économisé plus de 260 millions de litres d’eau. La compagnie Blanc de Gris, quant à elle, fait pousser des champignons comestibles en utilisant des résidus organiques comme le marc de café ou les copeaux de bois qui sont générés localement. Les champignons obtenus grâce à ces résidus sont ensuite vendus aux restaurateurs de la région ainsi qu’aux marchés de fruits et légumes de Montréal.

Capture d’écran 2019-11-21 à 10.43.07.png Alexandra Grenier

Est-ce le modèle économique du futur ?

Selon Séguin, il est clair que pour réduire les dommages causés à l’environnement l’économie circulaire devra prendre plus d’ampleur. « Les consommateurs ne peuvent pas faire grand chose, sauf demander aux compagnies d’agir de façon plus écoresponsable. C’est donc aux compagnies à trouver et mettre en oeuvre des solutions dans le but de réduire leur empreinte écologique. L’économie circulaire, ou de location, est une façon de faire cela. » Selon Ariane Legault, chargée de projets en développement durable et communications de l’Institut de l’environnement, du développement durable et de l’économie circulaire, de plus en plus de gens tentent de trouver des solutions aux problèmes environnementaux auxquels ont fait présentement face. (Entrevue téléphonique le 21 novembre 2019) « On vit dans une société capitaliste alors l’économie circulaire permet aux compagnies de continuer à faire des profits, tout en réduisant leur empreinte écologique », explique-t-elle, « il s’agit d’une excellente solution à court terme. » Elle ajoute qu’actuellement, seulement 9% des ressources utilisée à l’échelle planétaire son recircularisées. « Les 91% restantes sont soit dans des sites d’enfouissement ou dans la nature. »

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Quelles sont les limites de l’économie circulaire ?

Malgré les nombreux avantages de l’économie circulaire, quelques obstacles subsistent. « Les habitudes des consommateurs sont assez dures à changer. Plusieurs ont encore une certaine fierté à posséder leurs propres objets, leur propre logement, leur propre voiture, etc. On ne peut pas changer cette mentalité d’un seul coup du jour au lendemain, mais la pression environnementale va peut-être contribuer à faire changer les habitudes des gens », explique Séguin. « Bien sûr, il ne sera jamais possible de vivre dans un monde totalement exempt de déchets, puisque l’absence de déchets implique l’absence de vie », ajoute-t-il. Selon lui, l’économie circulaire n’est pas une solution à tous les problèmes environnementaux, mais c’est certainement un pas dans la bonne direction. Legault ajoute que l’économie collaborative a aussi quelques effets néfastes. « On étudie actuellement l’effet rebond. Sur Kijiji, par exemple, beaucoup de personnes vendent leurs vieux téléphones cellulaires pour ensuite s’acheter le plus récent modèle. Cela va donc à l’encontre du but de l’économie collaborative, qui est de ne pas acheter de produits neufs. Ça encourage en quelque sorte la surconsommation. » Un autre problème de l’économie circulaire est le fait que les gens, en dépensant moins d’argent pour des produits neufs, font plus d’économie et ont plus d’argent dans leurs poches. Selon Legault, ce surplus d’argent permet souvent aux consommateurs de faire plus de voyages dans le Sud, ce qui émet beaucoup de gaz à effet de serre. « Cela ne fait que transposer le problème », ajoute-t-elle. 

Capture d’écran 2019-11-21 à 09.46.40.png Alexandra Grenier

Qu’est-ce que l’économie collaborative ?

Un des sous-type de l’économie circulaire est l’économie collaborative. C’est un type d’économie qui permet aux consommateurs de partager des biens entre eux. « Au lieu d’acheter un item par consommateur, des compagnies en offrent à leur disposition », explique Séguin, « Uber est un bon exemple de ce type d’économie. Une personne possède une voiture et offre ses services de taxi aux autres citoyens, qui n’ont donc pas besoin de leur propre voiture. » Encore une fois, le Québec possède plusieurs exemples de ce type d’économie. Il y a par exemple la compagnie Bixi, qui permet à tous de louer des vélos un peu partout sur l’île de Montréal. La compagnie Communauto fait sensiblement la même chose, mais avec des voitures plutôt que des bicyclettes. Un autre exemple de l’économie collaborative est l’usage de bibliothèques. Il y a bien sûr les bibliothèques classiques où l’on peut emprunter des livres, mais il y a maintenant des bibliothèques d’outil, comme La Remise, située à Montréal. Cette bibliothèque permet aux citoyens d’emprunter des outils lorsqu’ils en ont besoin, plutôt que d’en acheter des neufs à chaque fois. Les plateformes comme Kijiji ou Marketplace (sur Facebook) permettent aussi aux gens de vendre leurs objets usagés afin de leur donner une deuxième vie.

Sources :

https://loopmission.com/fr/
http://www.blancdegris.com/
https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/entreprises-organismes/mieux-gerer/economie-circulaire
https://zonevideo.telequebec.tv/media/41278/economie-circulaire/ca-vaut-le-cout
https://www.quebeccirculaire.org/

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